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Pierre Musso 

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L’information dans les médias, 

notamment à la télévision 

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Rencontre de la Pensée Critique du 9 avril 2015: 

La télévision et les médias en particulier sont un objet passionnel mais qui est peu pensé par rapport à la place qu'ils occupent dans la vie quotidienne et la société.  

Pierre Musso annonce quatre points : 

  • La diversité des médias d'information dans un pays comme le nôtre.  

  • La question importante de la régulation et, liée à cette question, celle des journalistes. 

  • Quels pouvoirs s'exercent sur les médias ? 

  • Quel est le pouvoir des médias ? 

 

 

Dans le domaine des médias, il y a une inversion importante - certains disent une rupture - autour des années 80/90. 

C'est d'abord la fin du monopole de programmation, qui conduit à une multiplication des radios et des télévisions. Viendront s'ajouter à cela, dans les années 90, le développement de l'internet et l'explosion de la presse magazine. On passe ainsi de 1 chaîne de télévision en France à la fin des années 60 (en noir et blanc, et qui ne diffusait que quelques heures par jour) à une multitude de médias aujourd'hui, et qui diffusent en continu. Les temps sont donc à l'hypermédiatisation. 

C'est ensuite le changement de priorité des préoccupations par rapport aux médias. Alors que la priorité était donnée jusqu'alors à la question de la liberté de la presse et de l'indépendance des journalistes, et donc à la lutte contre la censure (en 1968 : « Libérez l'ORTF ! »), elle devient beaucoup plus celle de la confiance, de la crédibilité, de la méfiance à l'égard des médias vs manipulation/complot. Les médias font l'opinion et l'opinion fait l'élection, et ainsi la boucle est bouclée ! Explication simpliste, qui ne tient pas, souligne Pierre Musso. Quoi qu'il en soit, il y a une mise en cause des médias et des journalistes depuis cette période. 

 

Un média est l'articulation de trois réalités, -technique, institutionnelle et sociale. Réalité technique : presse, imprimerie, radio, télévision, internet, télévision numérique... Réalité institutionnelle aussi parce qu'un média ce sont des organisations, des institutions, des entreprises dans lesquelles il y a des salariés, des pouvoirs internes, des enjeux économiques et sociaux classiques. Et, enfin, il y a un public, un lectorat, une communauté, avec des usages, des pratiques. C'est cette totalité, ce triangle, qui fait un média. 

 

1. La diversité des médias - L'information passe donc par une pluralité de médias. 

  • Tout d'abord, par une agence de presse. C'est loin d'être le cas dans tous les pays, mais la France a la particularité d'en posséder une : l'Agence France Presse (AFP). Celle-ci, issue de l'agence Havas au XIXè siècle, alimente pour beaucoup les médias, et souvent les journalistes reprennent (en les réécrivant ou pas...) les dépêches de l'AFP. 

  • Le plus ancien média (XVIIè-XVIIIè siècle) est la presse écrite. Aujourd'hui, on distingue la presse quotidienne nationale (PQN), la presse quotidienne régionale (PQR), la presse magazine et - depuis quelques années - les "gratuits" (Métro, 20 minutes, Direct matin). 

  • La radio peut être nationale (privée ou publique) ou locale. 

  • La télévision explose depuis les années 90, notamment avec la TNT, le câble, le satellite, et avec surtout la dérèglementation qui a multiplié les canaux de diffusion. 

  • Enfin, depuis les années 90 aussi, l'information passe par l'Internet. 

 

La PQN se consacre soit à l'information générale, soit à l'information sportive, et c'est cette dernière, d'ailleurs, qui a tendance à le mieux se porter. La presse magazine, en France, a explosé, pas tant dans le domaine de l'information, où on ne compte que quelques titres, que dans toute une série de domaines divers et variés (presse féminine, masculine, jardinage, etc., etc., ...) où les titres se portent plutôt bien, à la différence des news magazines. 

 

Depuis la seconde Guerre mondiale, on constate une baisse continue et inquiétante de la diffusion des quotidiens nationaux et régionaux, qui sont passés globalement de 15 millions de lecteurs en 46-47 à la moitié aujourd'hui (hors gratuits). Même chose pour le nombre de titres, qui est passé au cours de la même période de 200 à 70. Pour illustrer cette évolution, Pierre Musso prend l'exemple de ses étudiants de grandes écoles : moins de 5% lisent la PQN d'information générale, moins de 10% lisent une fois par semaine un news magazine, un peu plus nombreux sont ceux qui lisent L'Équipe, et beaucoup déclarent se faire une revue de presse sur internet. L'Internet est, incontestablement, une dimension importante de la crise de la presse. Les titres qui s'en sortent mieux sont ceux qui, très vite, ont su développer, à côté de l'offre papier, une offre numérique rentable. 

 

Les plus gros tirages sont ceux du Figaro (317.000), du Monde (275.000), de L'Équipe (243.000), d'Aujourdhui en France (161.000), de Les Échos (124.000) et de Libération (102.000). 

Trois groupes se partagent la presse quotidienne : 

  • Groupe Amaury (détenu à 75% par la Société civile Amaury et 25% par le groupe Lagardère via sa filiale Hachette Filipacchi Média) : Aujourd'hui en France, Le Parisien, L'Équipe. 

  • Groupe Le Figaro (détenu par la famille Dassault via le groupe industriel Marcel Dassault) : Le Figaro. 

  • Groupe Le Monde (détenu par Xavier Niel, Pierre Bergé et Mathieu Pigasse) : Le Monde. 

 

La PQR est assez diversifiée, mais elle est aussi en difficulté, à l'exception de quelques titres, notamment le groupe Ouest France, dont le tirage quotidien (750.000) - le premier de la PQR et de la presse tout court - est le double du Monde. Le groupe Ebra, sur toute la façade est (sud-est exclu), est également important. 

La baisse des recettes explique l'évolution de la presse quotidienne en France. Elle est liée à la baisse du lectorat, au développement de l'Internet, et aussi, à partir de la crise de 2008, à la baisse des ressources publicitaires. 

Les aides publiques à la presse écrite, en France, peuvent être soit directes (130 millions d'euros votés par le Parlement ; en bénéficient notamment les quotidiens nationaux à faibles ressources publicitaires comme L'Humanité et La Croix), soit indirectes (exonérations fiscales et allègements de tarifs de services publics appliqués à tous les titres). 

Les News magazines sont entrés aussi en crise, à l'exception de Valeurs actuelles. Leurs ventes au numéro et leurs recettes publicitaires baissent, et tout l'enjeu, pour ces médias, est de parvenir à compenser grâce à leur site internet la crise du format papier. Certains y parviennent. 

La presse sur le web doit aussi être mentionnée : Rue 89, lié au Nouvel Observateur, et Médiapart qui, depuis quelques années, est bénéficiaire. 

Pour les radios, il y a la radio publique, Radio France, pour qui la crise prend la forme de la baisse de ses recettes en relation avec la suppression de la publicité. Par ailleurs, suite à la dérèglementation de novembre 1981, on dénombre plus d'un millier de radios privées. 

Pierre Musso en vient à la télévision. Il montre des plateaux du JT qui frappent par la place (hyper)centrale dévolue au journaliste qui, en fait, est un animateur ; qui frappent aussi par la mise à distance ; par l'appel à l'expert à côté du journaliste-animateur. Le dispositif, pensé au centimètre près, extrêmement sophistiqué, est théâtral. C'est du direct théâtralisé. Au centre, l'animateur-journaliste anime le débat, et sa référence est l'infotainment, c'est-à-dire un mixte d'information (information) et de divertissement (entertainment). Il y a là un élément de lecture essentiel de ce qui se passe à la télévision en matière d'information, mais aussi, de plus en plus, au-delà de l'information, à l'ensemble des émissions en direct. Le point clé est de montrer un spectacle. Pierre Musso rappelle ici les analyses de Umberto Eco, qui distingue la "paléo-télévision", celle des trente premières années, et la "néo-télévision", à partir des années 80, qui est une télévision du spectacle, qui se met en scène, alors qu'auparavant la télévision, qui cherchait à délivrer un message de vérité, allait voir le réel. C'est Georges de Caunes, par exemple, qui, pour aller voir une épave sous la mer, enfile un scaphandre et descend sous l'eau avec le cameraman qui le filme. Autre exemple : c'est un journaliste qui, pour informer sur un quartier difficile, s'y rend et fait l'enquête. Si cette façon de faire dérangeait, il y avait censure (le reportage était remplacé par des nénuphars), de sorte que les choses était claires : ou bien c'était la vérité, dont le journaliste était garant, ou bien c'était la censure, imposée par le ministre de ...l'information. Pierre Musso raconte qu'Alain Peyrrefite, encore célèbre titulaire de ce portefeuille ministériel, était venu un jour présenter lui-même le JT parce qu'il n'était pas d'accord avec ce qui devait être présenté ! La néo télévision d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec cela. Elle est une télévision du spectacle, de la "vraie-semblance". Cela doit être semblable au vrai. C'est un mélange de rapport à l'information, via la dépêche de l'AFP, et de divertissement, de fiction. D'où le rôle du journaliste-animateur. Le maître de cette nouvelle manière de faire est Jean-Pierre Pernaud. Au JT de 13:00 de TF1 il fait un mélange entre l'actualité et les valeurs éternelles, la France éternelle, les traditions. La partie info dure 5-8', après quoi viennent des reportages qui n'ont rien à voir avec l'actualité, par exemple sur la façon de réaliser la fourme d'Ambert au fil des siècles. 

Ce modèle est tout à fait essentiel parce qu'il dépasse la télévision et concerne aussi le champ politique où ce qui devient central est de rester toujours au centre du débat public. Peu importe, à la limite, ce que l'on dit ; ce qui compte c'est d'être toujours au centre du débat public. 

Le JT est important eu égard aux courbes d'audience. Le JT de 13:00 attire un premier flot de téléspectateurs et en retient une partie pour l'après-midi. Mais, surtout, le JT de 20:00 réalise le grand pic d'audience de la journée. C'est le prime-time qui conditionne largement, bien souvent, les choix de la soirée. Dans un paysage où on dénombre 200 chaînes sur le câble et le satellite, le JT - parce qu'il fidélise - structure l'audience, les rendez-vous. Et celui qui incarne ce processus, c'est l'animateur, qui est le référent, l'ami, le copain, celui dont on croit, comme dit Umberto Eco, « qu'il est en train de me parler à moi ». 

Pierre Musso aborde ensuite la question de la durée d'écoute. Elle ne cesse d'augmenter dans le monde entier. La consommation quotidienne moyenne aujourd'hui en France est de 3 heures 41 minutes par individu de 4 ans et plus. C'est la première pratique sociale et culturelle, et aussi, évidemment, la première source d'information. Pierre Musso pense que ceux qui croient que les gens, -déçus par la télé, -vont finir par éteindre leur poste se trompent lourdement. 

Les audiences moyennes des chaînes évoluent. Celles sur lesquelles on trouve les grands JT voient leurs audiences s'effriter au profit de la TNT, qui se développe en France depuis dix ans, et capte maintenant près de 30% de l'audience totale. 

Le JT, poursuit Pierre Musso, n'est pourtant pas l'alpha et l'oméga de la télévision. Les téléspectateurs ne regardent pas la télé pour l'information puisque celle-ci ne représente que 2% de la grille sur les grandes chaînes (12% globalement sur la TNT, mais du fait, pour l'essentiel, des deux chaînes d'information en continu : BFMTV et iTélé). Le plus important dans la télé, ce qui explique que les gens la regardent toujours plus, est d'être un facteur de plaisir ; de plaisir populaire. 

 

2. La régulation des médias et la profession de journaliste - Il faut distinguer ici, indique Pierre Musso, la presse et l'audiovisuel. Pour la presse, le principe de base est, malgré les censures, la liberté : liberté de créer un journal et de l'imprimer. Le principe est adossé à l'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et à la loi sur la liberté de la presse du 20 juillet 1881. Au final, il y a donc peu de lois qui encadrent la presse. 

Pour l'audiovisuel (radio puis télé), c'est l'inverse : l'État, s'inspirant du monopole des télécoms, met en place un monopole public qui, dans le contexte d'après guerre, où l'État redevenait démocratique, était considéré comme un gage de pluralisme en vertu de l'équation État démocratique = monopole démocratique. C'était la thèse du Conseil National de la Résistance (CNR) et, avant cela, en 1936, celle aussi de Léon Blum. Ce schéma bascule en 1968 : le monopole public est alors assimilé, non sans raisons, au monopole politique puisque le gouvernement, via le ministère de l'information, contrôle tout. Une des réponses a été le démantèlement de l'ORTF, la création de TF1, Antenne 2 (qui devient France 2) et FR3 (qui devient France 3). L'ouverture au privé, dès les années 80, conduit à un système mixte public-privé qui, offrant plus de chaînes, est censé assurer le pluralisme en vertu de la nouvelle équation pluralité = pluralisme. Sauf que pluralité égale aussi répétition : il y a plus de radios et plus de chaînes, mais elles disent toutes la même chose. Aujourd'hui, c'est toujours le paradigme du pluralisme qui règne, mais un pluralisme obtenu par le marché et la concurrence conformément au principe européen de la concurrence libre et non faussée. Au terme de cette évolution, marquée par de nombreuses lois, l'audiovisuel en est ainsi arrivé au modèle originel de la presse. 

Les journalistes ont un statut professionnel qu'ils ont obtenu par des luttes (1935, 1968). Ils bénéficient notamment de la clause de conscience et de la clause de cession. Quand un journal ferme ou quand sa ligne éditoriale change, le journaliste peut se retirer avec des indemnités. Il y a 36.000 cartes de presse, mais on estime à 10-15.000 les journalistes sans carte de presse, c'est-à-dire précaires, pigistes. Pour l'essentiel, les journalistes sont dans la presse écrite alors même que celle-ci voit ses effectifs décroître régulièrement. A noter encore que beaucoup d'informations sont diffusées via le web sans traitement journalistique. 

Le journaliste est défini par la loi comme quelqu'un qui, -ayant une occupation principale, régulière et rétribuée de journaliste, -est titulaire de la carte d'identité professionnelle de journaliste délivrée par une commission paritaire de la carte d'identité professionnelle. Ce n'est donc pas le contenu de l'activité qui est défini, mais l'exercice régulier et les revenus. 

 

3. Les pouvoirs dans les médias - deux principaux pouvoirs s'exercent sur les médias : celui de l'État et celui de l'économie. Les grands acteurs sont les groupes de presse (écrite et audiovisuelle), les pouvoirs publics (Président de la République, Ministre de la culture et de la communication, commissions parlementaires), la Commission européenne (à travers ses directives) et - depuis 1989 - le CSA en tant que régulateur. 

L'État français reste très présent dans l'audiovisuel malgré la forte contraction du monopole originel. Il n'y a plus de ministre de l'information, mais l'État est actionnaire de Radio France, RFI, RFO, France Télévisions, INA, ARTE, France 24 et TV5 Monde. Il gère également les aides à la presse. Enfin, et surtout, il définit les moyens alloués au service public : montant de la redevance (fixée annuellement par le Parlement) et dotations budgétaires. Ce dernier point est devenu sensible depuis la suppression de la publicité sur les antennes de France Télévisions, soit 450 millions sur un budget global de 3 milliards. 

Outre Radio France et France Télévisions, les grands groupes français de médias sont le groupe Lagardère (Lagardère Services, Lagardère Active et Lagardère Publishing), Vivendi (Canal+), Bouygues (TF1) et dans la presse principalement Ouest France, Dassault et Le Monde. 

Dans la télévision, on trouve quatre grands acteurs privés : deux groupes qui associent audiovisuel et télécoms (Bouygues et Vivendi) et deux groupes qui associent audiovisuel et édition (RTL Group-Bertelsman et Lagardère). Sont présents dans la TNT : France Télévisions, TF1, M6, Canal+, NextRadio TV et NRJ Group. 

Pour tous ces médias, le grand enjeu est les recettes publicitaires. Sur un "gâteau" global de dix milliards par an, un tiers va à la télé, un petit tiers (en contraction) à la presse. 

 

4. Le pouvoir des médias - Il y a beaucoup d'idées reçues sur ce sujet. En particulier, Pierre Musso voit du fétichisme dans le fait de vouloir expliquer la société dans son ensemble à partir d'un élément particulier qui est les médias. C'est isoler une partie pour expliquer le tout. Depuis les années 80 le thème du complot, de la manipulation des élections est devenu un lieu commun avec cette hypothèse sous-jacente que l'activité des médias aurait des effets directs non seulement sur le cerveau (cf. Le Lay) mais aussi sur les comportements politiques. Pierre Musso fait observer que si c'était si facile, il suffirait à n'importe quel pouvoir politique de s'emparer des médias pour qu'on ne puisse plus, ensuite, le déloger. Les médias ont, c'est vrai, le pouvoir de créer des imaginaires, des scénarios. L'information-spectacle, l'infotainment, peuvent sans doute exercer une influence, mais ce sont des choses très peu analysées. Formater les esprits, oui, sans doute, dans un pays totalitaire qui contrôle tout, mais dans un pays démocratique c'est mille fois plus complexe, même si on peut sûrement parler d'influence des médias dans la formation du conformisme. Mais Pierre Musso préfère parler d'influence diffuse que d'influence directe parce que l'information passe toujours par des institutions, des relais, des médiations, qu'il s'agisse de la famille, des cercles professionnels, amicaux, associatifs, etc. Le grand a priori de toutes ces thèses sur la manipulation et le complot est que les publics sont passifs pour ne pas dire plus...  

Depuis très longtemps des travaux extrêmement riches - mais très peu connus - ont été conduits sur ces questions, par exemple, au XIXè siècle, par Scipio Sighele, Gustave Le Bon, Gabriel Tarde. Au début du XXè siècle, ont été formulées les théories de la propagande. Tous ces travaux relevaient du paradigme "E-C-R" (Émetteur - Canal - Récepteur) qui voit l'émetteur tout puissant et le récepteur passif. Ils ont été critiqués de sorte que les théories accordent aujourd'hui un bien plus grand rôle au destinataire de l'information. 

 

Trois types de contrat s'établissent entre les médias et leur public. Un contrat de crédibilité ; c'est celui, notamment, qui concerne l'information. C'est-à-dire que les journalistes sont tenus à l'authentification de l'information par l'investigation et la vérification des sources, raison pour laquelle il est important qu'ils soient professionnels. Un contrat de divertissement, de spectacle, de mise en scène, avec tout ce que cela signifie de choc des images et des mots. Un contrat d'empathie, enfin ; de relation, de fidélité à une ligne éditoriale ou à un média, de complicité. 

La défiance est liée à un certain nombre d'événements : en 1989, les journalistes rapportent 1104 tués et 3352 blessés à Timisoara, pendant l'insurrection, alors que le nombre réel de morts sera de 93. Par ailleurs, en 1991, PPDA s'illustre par la fausse interview de Fidel Castro. La défiance provient aussi des atteintes à la vie privée et de l'exposition à la violence. Il faut ajouter, enfin, l'apport majeur de l'internet et des réseaux sociaux qui révèlent les nombreuses erreurs des médias ou leurs silences. On peut citer ici le rôle joué par WikiLeaks. 

 

Pierre Musso conclut par des pistes de réflexion et des propositions : 

  • Agir sur la formation des journalistes 

  • Garantir l'autonomie des rédactions 

  • Renforcer la déontologie et le contrôle du respect des règles 

  • Renforcer le rôle des médiateurs 

  • Ralentir la vitesse de l'information, la hiérarchiser, ne pas accorder systématiquement la plus grande importance à la dernière information  

  • Renforcer les mises en perspective, donner du sens 

  • Intégrer la critique des médias dans les médias 

  • Renforcer le service public de l'audiovisuel  

  • Renforcer le pluralisme des idées, des expressions, des esthétiques  

  • Lancer pour la formation à l'image et aux médias à l'école l'équivalent d'un "plan Jules Ferry" 

  • Renforcer l'éducation populaire aux médias 

  • Assurer un accès élargi aux débats publics dans les médias  

  • Élargir l'accès aux médias dans l'entreprise  

 

Daniel Amédro 

(D’après un enregistrement audio et la présentation visuelle de P. Musso) 

 

Bibliographie de base : 

  • Bourdieu Pierre, Sur la télévision, Raisons d'agir, 1996 

  • Bourdon Jérôme, Introduction aux médias, éditions Montchretien, 2009 

  • Charon Jean-Marie, Les médias en France, éditions La découverte/coll. repères, 2014 

  • Chomsky Noam et McChesney Robert-W, Propagande, médias et démocratie, ecosociété, 2005 

  • Chomsky Noam et Herman Edward, La fabrication du consentement, Contre-Feux/Agone, 2008 

  • Le Diberder Alain et Chantepie Philippe, Révolution numérique et industries culturelles, éditions La découverte/coll. repères, 2010 

  • Musso Pierre, Télé-politique, Le Sarkoberlusconisme à l'écran, éditions de l'aube, 2009 

  • Rieffel Rémy, 

  • Sociologie des médias, Ellipses, 2010 

  • Que sont les médias ?, Gallimard/Folio, 2005 

 

Ouvrages de Pierre Musso : 

  • L'imaginaire industriel, éditions Manucius, 2014 

  • La société éclatée : Le retour de l'objet local, éditions de l'Aube, 2014 (avec Franck Cormerais) 

  • Sarkoberlusconisme, la crise finale ?, éditions de l'Aube, 2011 

  • Saint-Simon, l'industrialisme contre l'État, éditions de l'Aube, 2010 

  • Télé-politique, Le Sarkoberlusconisme à l'écran, éditions de l'aube, 2009 

  • Les télécommunications, éditions La découverte/coll. repères, 2008 

  • Saint-Simon et le saint-simonisme, PUF/Que sais-je ?, 1999