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16 avril 2015
Quelles issues imaginer à la crise multiforme ?
Que faire ?
Maison des associations, Place Garibaldi

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Déclaration préalable de Daniel Amédro, président


Notre idée, aujourd'hui, est de vous donner la parole.

Quelques mots d'explication.
•    Nous vivons depuis plusieurs décennies une crise multiforme : économique, sociale, scolaire, politique, démocratique, institutionnelle, idéologique, morale, culturelle. Multiforme, donc.
•    Par rapport à cela, les grands diagnostics font accord : la mondialisation, la concentration des entreprises, le développement des inégalités, le blocage institutionnel, la personnalisation du pouvoir, la perte du sens...
•    Pour autant, nous ne parvenons pas à entrevoir les voies et moyens de nous « désembourber » ; à imaginer les issues possibles ; et, en même temps, le besoin de parler, de s'exprimer, est très fort.

Aussi, nous vous proposons de vous donner la parole autour de cette question : quelles issues imaginer à la crise multiforme ? Que faire ?

Il s'agit de recueillir de très courtes interventions, orales (deux ou trois minutes) ou écrites (un quart/un tiers de page dactylographiée). D’ores et déjà, nous pouvons prendre des interventions écrites (urne ; courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.  ; siège : 2, place St. Roch). Aujourd'hui, les interventions peuvent également être orales ou écrites. Et pendant tout le reste du mois d’avril nous continueront de prendre les interventions écrites.

Notre idée n'est pas de provoquer le débat dès aujourd'hui. Dans un premier temps, nous recueillons des interventions sans débat. Nous vous fournirons avant l’été un compte rendu, une trace écrite des interventions, dont vous pourrez déjà faire votre miel. Nous ferons ensuite l'analyse-synthèse de vos interventions et nous en débattrons avec vous après l’été lors d’une soirée ici même.

Je précise, enfin, que nous ne sommes ni un parti politique ni un syndicat, et que nous ne souhaitons pas du tout nous substituer à eux. Nous ne cherchons pas à définir des politiques pratiques et concrètes, « clés en main », prêtes à l’emploi. Nous ne nous situons pas dans le registre des programmes, des alliances et des tactiques.
Nous cherchons à faire ressortir des idées, des objectifs, des préoccupations, des envies, des rêves ; des politiques rêvées ; nous voudrions apporter une modeste contribution à la définition du bien commun et de l'intérêt général ; il s’agirait pour nous d’approcher quelque chose qu'on pourrait appeler un imaginaire collectif citoyen.


CONTRIBUTIONS


Un participant propose une minute de silence pour toutes les personnes mortes ces derniers jours en Méditerranée.

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Qui  contrôle les banques et le système financier ?  Quels groupes financiers (en valeur/ CAPITAL) derrière telle banque, QUEL GROUPE REEL ?

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La crise de la démocratie moderne qui  accompagne cette grave crise économique, financière, écologique, à l’échelle mondiale, est évidemment la crise de sa légitimité, qui a ses origines dans le désenchantement et la désaffection dont le système parlementaire de la représentativité indirecte est l’objet de la part d’un nombre de plus en plus grand de citoyens et de la part du peuple (dont l’abstentionnisme accru dans les grandes consultations de notre démocratie élective est le symptôme majeur de cette crise de confiance dans la vitalité du système démocratique existant).

Elle se manifeste, comme cela a été souligné, entre autres, par Pierre Rosanvallon, d’un côté, dans l’écart grandissant séparant le peuple « électoral » du peuple « social », et de l’autre, dans la propagation de plus en plus vaste  du sentiment d’un « dégoût du politique » et de la « classe politique » en général qui se prête en effet à l’exploitation populiste. Comme les analyses politologiques récentes consacrées à cette désaffection l’ont montré, ce phénomène n’est pas simplement réductible à un « antiparlementarisme » croissant ni à l’irruption irrationnelle de phantasmes totalitaires dans certaines couches de la population, mais il est symptomatique pour  la crise de légitimité de ce système « démocratique » parlementaire en général, à une époque où la professionnalisation de la politique et l’institutionnalisation de liens de plus en plus organiques et étroits entre la sphère de la politique officielle et les médias ont agrandi outre mesure la distance entre les citoyens et leurs représentants élus. Et le fossé ainsi creusé semble s’élargir chaque jour davantage, malgré tous les efforts rhétoriques déployés depuis un certain temps de la part d’hommes et de femmes appartenant à la caste des politiques pour renforcer soi disant le contrôle citoyen sur les affaires de la cité et pour élargir les instances de délibération et de prise de décisions politiques par des « comités de quartier » ou d’autres formes d’expression citoyennes de la « démocratie participative ».


Nul doute, pourtant, que la « démocratie participative » s’est imposée dans son principe même au moment où elle s’est fragilisée dans son fonctionnement. La chute du communisme a sonné la retraite de ses ennemis ou de ses critiques les plus virulentes, et elle constitue désormais le seul horizon reconnu du bien politique. Mais alors qu’elle a ainsi triomphé comme régime, elle se trouve déstabilisée comme forme politique.  En même temps personne ne peut nier non plus que la démocratie parlementaire affectée par ce malaise et cette désaffection demeure quand même - et malgré tous ses défauts et insuffisances - encore le meilleur régime et la meilleure forme de gouvernement comparée aux autres (le despotisme, la tyrannie, la dictature…). En tant que telle, elle avait connu une véritable renaissance, dans l’après-guerre, dans l’Occident, après douze ans de barbarie fasciste… 

Or, comme le souligne à juste titre Daniel Bensaïd, « avec la débâcle  du despotisme bureaucratique  et du socialisme réellement inexistant, le signifiant flottant de démocratie devint alors synonyme  d’Occident victorieux, d’Etats-Unis triomphants, de marché libre et de concurrence non  faussée. Au même moment, une attaque en règle contre les solidarités et les droits sociaux, une offensive sans précédent de privatisations du monde, réduisaient comme une peau de chagrin l’espace public. Se confirmait ainsi la crainte, exprimée par Hannah Arendt, de voir la politique elle-même, en tant que pluralité conflictuelle, disparaître complètement du monde au profit d’une gestion prosaïque des choses et des êtres ».


Cette déstabilisation est sans nul doute le résultat historique des équivoques fondatrices du gouvernement représentatif - fait souligné par Pierre Rosanvallon – et en même temps d’un déclin de crédibilité et d’un rejet du système de la démocratie représentative électorale dans son ensemble, non seulement à cause de certaines affaires de corruption, mais surtout à cause de l’écart de plus en plus grand qui s’est creusé entre ce système « démocratique » représentatif transformant le peuple « électoral »,  après les élections, en spectateur impuissant d’un « jeu » et de manœuvres politiciennes échappant complètement à son contrôle, et les espaces d’une « démocratie d’opinion », se développant et s’exprimant parallèlement, autrement dit, de l’écart entre les institutions républicaines et la rue.  Ce déclin est-il celui d’une « démocratie de la volonté ? » (P. Rosanvallon) ou bien plutôt celui d’une religion de la volonté générale, s’accompagnant de la montée en puissance de la société civile ? Ou traduit-il tout simplement l’impossibilité d’une République absolue prise dans la contradiction permanente entre la « puissance théorique de la nation et la limitation « pratique » du pouvoir du peuple ? Ou bien exprime-t-elle tout simplement la contradiction entre l’absolutisation du vote et l’extinction du politique ?


Quoi qu’il en soit, le sentiment général que la souveraineté du peuple ait été plus ou moins « confisquée » par les représentants élus de la nation semble être à l’origine de ce désenchantement, de cette aliénation grandissante entre ceux qui, ayant été légitimés juridiquement par la voie des urnes, exercent le pouvoir et les fonctions gouvernementales, et ceux qui, au lendemain des élections, se trouvent régulièrement et périodiquement exclus de facto de l’accès au pouvoir décisionnel (ou co-décisionnel), pour une période de plusieurs années. D’où le rôle de plus en plus important d’une « démocratie d’opinion » s’imposant en deçà des rituels électoraux, et remplissant de plus en plus ce « vide », et des formes de contre-pouvoirs démocratiques à la base ayant pour mission le contrôle du travail parlementaire des élus.

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Bonsoir,
voici, en vrac, quelques idées pour alimenter la réflexion pour trouver des solutions à cette crise protéïforme :
- Faire une enquête de fond sur l'immigration (sur son coût, en essayant de s'approcher au mieux de la réalité, complexe s'il en est !... ; et sur ses apports économiques et culturels) ET rendre public (sur Internet)  le résultat. Une revue comme Capital s'est attaquée à  la question, mais voilà, un seul son de cloche...
- Faire équipe avec les associations qui sont nombreuses, efficaces dans leur domaine, mais disparates et isolées les unes des autres ; en référence, voici au moins deux titres à connaître :
. "Un million de révolutions tranquilles" de Bénédicte Manier ( Edition LLL , les Liens qui Libèrent),
. et "Vive la co-révolution" d'Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot ( Ed. Manifestô).
Ces ouvrages concernent des expériences réussies passées ou, surtout, en cours de réalisation dans le monde entier.
- Multiplier les meetings EN PERIODE NON ELECTORALE  car , hors élections, les gens ont tendance à se désintéresser de tout ce qui demande un peu de réflexion et se contentent des divertissements télé et, pire, des infos (?) télé, à longueur de soirées....
- Agir sans relâche auprès des médias pour la création d'émissions dans lesquelles des représentants d'associations  pourraient venir s'exprimer pour témoigner de leurs actions EN FAVEUR de l'amélioration de la vie quotidienne de nos concitoyens ; les petites radios de proximité le font bien....
- Soutenir  l'économie solidaire par ses achats ou placements financiers, même modestes (je pense aux organismes financiers qui investissent dans des projets mutualistes...)
- Soutenir l'agriculture de proximité (les AMAP, par exemple...)
C'est tout pour aujourd'hui; je suis tout à fait POUR les Cahiers de Doléances, bien sûr. Bon courage à celles et ceux qui vont faire la synthèse de tout ça.
A bientôt dans un prochain meeting.

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QUE FAIRE !!! ou ???
Que faire pour "obliger" l'état et le gouvernement à prendre en compte le rapport de l'Adéme sur une France 100% renouvelable en 2050 ?
Les coûts estimés étant de l'ordre de 119 € le mégawatts pour le 100% d'énergies renouvelables à comparer aux 107 € pour le futur EPR, avec évidemment les problèmes de sécurité et de récupération des déchets en plus pour le nucléaire et les milliers d'emplois créés avec la mise en place massive des énergies renouvelables.
L’éolien par exemple : l'électricité d'origine éolienne coûte moins cher à produire que celle des réacteurs nucléaires en construction ou en projet, et parfois que celle des réacteurs actuels.
En France, le tarif d'achat de l'électricité d'origine éolienne diminue après une première période de dix ans et disparaît cinq ans plus tard. Le tarif d'achat de la seconde période est différent selon le lieu d'implantation des éoliennes (puissance du vent).
De façon un peu différente, le tarif d'achat de l'électricité solaire photovoltaïque reste constant plus longtemps, pour chaque installation, mais ce tarif d'achat diminue de façon rapide, chaque année ou trimestre, pour les nouvelles installations.
A l'inverse, le coût de production de l'électricité nucléaire augmente, qu'elle provienne des anciens réacteurs pour lesquels d'importants et coûteux travaux de maintenance sont nécessaires ou des nouveaux réacteurs en construction et en projet, dont les coûts sont devenus prohibitifs.

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Il faut faire face au développement d'idées et de comportements qui témoignent  d'un délitement des valeurs démocratiques de justice sociale et d'égalité, et plus généralement d'un délitement des valeurs humanistes qui reconnaissent l'autre comme un être humain à part entière méritant le respect.
Il faut répondre aux discours ambiants pervers qui consistent, pour une partie de l'opinion publique, encouragée par certains partis, à utiliser des valeurs républicaines pour les dévoyer, les vider de leur sens et, pire, les utiliser pour nuire à une partie de la population.
Il faut être armé pour définir le sens des valeurs-socles de notre démocratie afin de confronter leur sens légitime à l'utilisation faite par certains. Exemples : République, laïcité, démocratie, mais aussi mondialisme, mondialisation.

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Que faire ?
Peut-être demander à ce que l'on vive dans une réelle démocratie, "gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple", ce qui, à l'évidence, n'est pas le cas. Les lobbies, le cumul des mandats, le non-respect du vote des gens (NON au référendum, mais on fait comme si c'était OUI).
Encadrer les banques : qu'elles fassent leur métier et qu'elles ne spéculent pas avec l'argent de leurs clients.
Que la préservation de la planète soit le moteur de toutes les nouvelles techniques, notamment dans le bâtiment et l'agriculture.
Que l'éducation soit de la même qualité dans tous les établissements. Qu'elle enseigne aussi la citoyenneté afin que chacun puisse choisir et voter en ayant développé un sens critique suffisant, pour pouvoir résister au tapage médiatique assuré toujours par les mêmes "experts".
Que l'aide aux chômeurs et aux plus démunis soit une évidence qu'on ne remet pas constamment en cause en parlant d'assistés.
Que la fiscalité soit remise à plat en France et que l'Europe se mette d'accord pour des règles communes.
Tout cela, et bien d'autres choses, devrait être défendu par nos élus. Comment les y inviter ?

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Je vous félicite d'avoir permis ces échanges et du courage qu'a nécessité cette soirée.
Les premiers communistes élus en 1924  siègent dans l'opposition. Ils s'opposaient au capitalisme de droite des bourgeois repus et au capitalisme de gauche des bourgeois arrivistes. Cette gauche n'est qu'un autre visage de la droite.
Avec l'arrivée des socialistes (qui n'ont qu'un ennemi ???) au pouvoir en 2012, il s'agit d'une collaboration totale, délibérée, honteuse avec le grand capital. Ce n'est plus un compromis, mais une alliance structurelle.
Ce bipartisme REPUS/ARRIVISTES, toujours au service du capital, provoque le désarroi des classes populaires et le rejet des dirigeants politiques. Le premier parti est celui des abstentionnistes, et le front national réalise des scores alarmants à toutes les élections.
Il est urgent que le PCF s'émancipe du PS et retrouve ses fondamentaux, redonnant de l'espoir au peuple. 
Pour réussir, il doit :
- sortir de l'euro qui plombe l'économie française au bénéfice de l'Allemagne et des EU.
- sortir de l'UE, véritable carcan qui impose l'austérité à tous les peuples européens: Aggravation du chômage et de la misère, baisse des salaires, destruction des services publics  au bénéfice de grands groupes privés dont les actionnaires détournent (eront) l'argent public...
- sortir du capitalisme.
- sortir de l'OTAN belliciste qui sème la guerre sur toute la planète, jusqu'aux aux portes de l'Europe .
- Refuser de régler la dette qui n’incombe pas au Peuple.
- s'opposer au TAFTA qui anéantirai le reste de démocratie (Pas de droit de douane. Pas de règle sanitaire, environnementale.... Et si un État - ou une collectivité locale - s'oppose à une multinationale, un tribunal privé viendra défendre la cause de celle ci. On devine la suite : les trusts gagnent toujours : rien n'a plus de valeur que le profit)
10è  anniversaire
de la victoire du non
au traité de Maastricht
Appel à manifester
le 30 mai 2015 à 14 heures
Paris, Place du Palais Bourbon

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Je voudrais partir de deux constats.
Premier constat : la volonté de changement dans l'opinion publique.
Deuxième constat : le système politique, les partis politiques, le système de représentation démocratique et les élections  n'incarnent plus cette volonté de changement.
D’où peut venir le changement ? Des espoirs de changements existent en Espagne avec Podemos, en Grèce avec Syriza. Pourquoi chez nous, alors que les traditions de lutte sont encore fermement ancrées dans la conscience collective, n'y a-t-il rien qui ressemble à ça ?
Peut-être, troisième constat, la situation n'est-elle pas assez désespérée ? Notre système de protection sociale est grignoté de toutes parts, c'est un véritable gruyère, mais il tient encore debout. L'école, c'est pareil. On la caporalise, on l'a vide de sa substance, on revient sur une conquête comme celle de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, mais l'école tient encore. Plus ou moins, mais elle tient.
En Espagne et en Grèce, par contre, tout cela s'est écroulé. Je pose donc la question : est-ce qu'il faut attendre que ça s'écroule, qu'il y ait des ruines, pour qu'il y ait une réaction ; pour qu'émerge une volonté de changement s'incarnant dans un mouvement capable de représenter l'espoir, si ce n'est le changement ? La nuance est indispensable car on voit bien, pour Syriza, qui est au pouvoir, les limites qu'on impose à son action. Au moins Syriza incarne une espérance.
Avant qu'il y ait un changement, il faut espérer dans ce changement. Cet espoir peut-il advenir spontanément, ou bien procéder d'un grand désastre ? Je pose la question en étant incapable d'aller au-delà pour l'instant...

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Très bref constat : il me semble que la salle a perdu des effectifs par rapport à toutes les conférences précédentes [60 personnes présentes le 16 avril, à comparer avec une fréquentation qui se situe entre 100 et 150 habituellement] et cela me fait penser à cette phrase de Bernard Shaw : " Le socialisme cela serait bien, mais cela prend trop d'après-dîner ".
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Pour comprendre la crise générale dont on vient de parler il faut remonter un peu dans le temps. Qu'avons-nous vécu sur la base de l'idée de changement, voire de socialisme ? D'une part, le réformisme social-démocrate et le stalinisme, qui ont marqué l'histoire du XXème siècle, et qui n'ont pas changé le cours des choses. Le réformisme social-démocrate a renoncé à la conquête du pouvoir pour les opprimés, et le stalinisme a renoncé à l'exercice du pouvoir par les opprimés. Cela a conduit, dans de nombreux pays occidentaux, au pouvoir renforcé des forces réactionnaires et à l'effondrement de l'URSS et des pays de l'est européen. En France, à trois reprises, les citoyens ont majoritairement donné les pleins pouvoirs à la social-démocratie, au Parti socialiste, qui a abandonné toute idée de changement vers une société socialiste au début des années 80 : abandon de la lutte des classes et de l'horizon du socialisme. Le PCF, qui, après 68, avait engagé une réflexion théorique pour un socialisme à la française, affirmant ce faisant une divergence avec le PCUS, a abandonné ces avancées pour se fourvoyer à plusieurs reprises dans la social-démocratie au gouvernement.
Ces postures de la gauche n'ont-elles pas conduit, aujourd'hui, à une abstention de 50% des votants, à une perte de crédibilité de tout changement politique et sociétal, et à la victoire idéologique des forces du capital ?
Aux profonds changements économiques et technologiques qu'a connus notre pays, l'Europe et le monde les partis progressistes de ce pays n'ont pas su opposer une riposte révolutionnaire alors qu'en même temps de nombreux économistes, philosophes et sociologues ont su apporter des contributions qui, réellement, amenaient une autre manière de voir les choses et laissaient apercevoir un changement de société possible.
Je crois que, de ce point de vue, s'il faut reconnaître que, idéologiquement, les forces réactionnaires ont marqué des points et ont gagnés, il est évident que pour engager une riposte idéologique et de lutte au quotidien, il n'y a pas d'autre solution aujourd'hui, alors que les partis de gauche sont décrédibilisés, que des forces s'organisent dans des sortes de conseils citoyens pour essayer de regagner une hégémonie idéologique sur les problèmes concrets et les perspectives politiques. Ceci demandera plusieurs décennies de travail au quotidien...

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Pour revenir sur la démocratie. Où est la démocratie dans notre Europe ? Qui y voit de la démocratie ? Dans ses instances ? Dans les monarchies ? Et puis l'évolution du chômage : où est la démocratie ? Et surtout, on est conditionnés par l'audiovisuel. Qui a accès à l'audiovisuel ? Qu'est-ce que c'est que cette société de télévision, avec ses sociétés de 'prod' ? Qui a accès parmi vous au Festival de Cannes ?

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J'aurais aimé vous dire un poème, cela aurait êtes plus agréable. J'ai fait toute ma carrière à EDF, et elle a été 'entachée' par mon militantisme communiste, mais je n'ai pas regardé cela, je m'en fichait. J'ai préféré continuer ma carrière de communiste.
Si on retourne 43 ans en arrière, il y avait dans les Alpes maritimes une fédération qui rassemblait 8000 communistes. Énorme ! Et il y avait un camarade exceptionnel, qui a été mon ami, ???, accompagné de Virgile Barel, qui a dit à la fédération : "je veux monter la section de Nice centre tout seul, sans rien demander à personne". Il l'a fait ! Staline disait : "Lorsqu'une ligne politique est définie, l'organisation décide de tout...".
À propos des élections, on savait qu'on n'allait pas avoir beaucoup d'élus. On a Contes, bien sûr. Mais attention au FN. Ils sont sortis par la porte, ils rentreront par la fenêtre !
Je lis la presse démocratique, mais je n'y vois plus le mot cellule. Comme si le mot cellule était comme un cancer. À l'époque dont je parle, on tablait tous les efforts sur la cellule. Et maintenant, si les gens ne comprennent rien, il faut s'impliquer puissamment dans les cellules. Être au contact avec la population.

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Je voudrais aborder un problème dont on parle peu, celui des partis et des organisations nazies, qu'on appelle néonazies, qui se développent en Europe. Je ne parle pas de partis de droite ou d'extrême-droite, mais de partis qui font ouvertement l'apologie de Hitler et du IIIè Reich. C'est le cas en Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Pologne, Autriche, et j'en passe. Et, évidemment, en Ukraine. Savez-vous, les français savent-ils, qui a pris le pouvoir en Ukraine ? Svoboda est un parti néonazi qui s'appelait encore récemment 'Parti national-socialiste d'Ukraine' comme le parti de Hitler. L'emblème adopté par la branche armée de Svoboda c'était l'emblème de la Panzer division "Das Reich", c'est-à-dire les assassins d'Oradour-sur-Glane. En Estonie, se déroule chaque année rassemblements et défilés à la gloire des vétérans nazis de la XXème division de la Waffen SS avec la participation des autorités locales et celle des plus hautes autorités de l'État. Des représentants de celles-ci déclaraient : "Le courage des combattants de la XXè division de la Waffen SS est un exemple pour notre jeunesse et pour la jeunesse des pays qui sont nos alliés".
Que pensez-vous de Y. Le Drian, notre ministre de La Défense, qui a serré longuement la main à ces personnages lors de leur visite officielle du 21 mars 2014 ? Qui lui a apporté la solidarité militaire de la France ?
Je respecte la règle des interventions limitées à trois minutes, mais je pourrais vous parler pendant une heure et plus de la peste brune qui se répand en Europe. Ce qui est scandaleux, c'est le silence complice des médias. C'est le silence et la duplicité de nos responsables politiques. Ici, ils versent des larmes au souvenir de la Shoah. Là-bas, ils se congratulent et banquettent avec des individus qui vous disent qu'ils vont éradiquer les roms, les juifs et les communistes. Pendant ce temps, le parlement européen, qui sait être dur avec le peuple grec, fait preuve d'une tolérance complice, en contradiction avec les lois internationales, et tolère en son sein un groupe de 52 députés néonazis émanant de dix pays européens.
Mes amis, mes camarades, républicains, antifascistes, il est temps de réagir. Amis de la liberté, il est temps de réagir. Assez de ces querelles dérisoires. La bête immonde ressurgit. L'ennemi monstrueux est à nos portes. Si nous savons nous unir, comme au temps de la Résistance, le néonazisme ne passera pas !
[Vifs applaudissements]

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Quelques réflexions en vrac, déjà par rapport aux thèmes du débat de ce soir. Il y a trois façons de poser la question :
1) Comment sortir le capitalisme de la crise ?
2) Comment sortir de la crise du capitalisme ? Plus compliqué...
3) Comment sortir du capitalisme ? Encore plus compliqué...
Si je me souviens bien Marx et Engels mettaient en avant le rôle prééminent, prépondérant et déterminant des infrastructures économiques et sociales par rapport aux superstructures politiques et idéologiques. Or, ce qui me semble, c'est que les masses populaires, depuis au minimum deux siècles, voire peut-être un peu plus, ont "carbonisé ", gaspillé toute leur énergie à la conquête du pouvoir politique et pas à la conquête du pouvoir économique. Or, à mon avis, selon la pensée de Marx, si les masses populaires veulent réellement assurer le leadership au niveau de la société, c'est peut-être les infrastructures économiques et sociales quelle doivent conquérir. Et, peut-être, un des moyens, puisque l'essentiel du monde du travail vit sous le régime du salariat, tant que ce salariat existera, le capitalisme existera. C'est peut-être davantage le salariat qui fait le capitaliste que le capitaliste qui fait le salarié. Donc, peut-être, un des moyens, extrêmement difficile, pour les masses populaires, est de sortir de la condition de salariés, peut-être de devenir des entrepreneurs associés dans des entreprises collectives où ils seraient des entrepreneurs associés et non plus des salariés. Et c'est de refuser de travailler dans le cadre d'entreprises capitalistes où il y aurait donc, d'une part, les détenteurs du capital qui les emploieraient, et, d'autre part, les salariés qui fourniraient leur force de travail contre rétribution.
Alors, je suis peut-être pessimiste, mais je pense qu'il y a au minimum 99,99% de chances pour que cela ne se fasse pas, sachant qu'il y a un autre philosophe, qui s'appelait La Boétie, qui a développé le principe de la servitude volontaire. Tant que les masses ne sortiront pas de cette tendance profonde à la servitude volontaire, je pense qu'il y a peu de chances que cette hypothèse se réalise.

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J'essaie de me tenir à la règle annoncée même si je n'ai pas entendu jusque là beaucoup d'interventions qui s'y tiennent.
Ma première observation, en tant qu'universitaire, et sortant d'un congrès syndical où on peut justement entendre des réponses à certaines des questions qui nous ont été proposées tout à l'heure, on peut dire deux choses rapidement :
- le métier d'enseignant est perçu comme détruit parce que les gens passent les 3/4 de leur temps à chercher des sources de financement pour financer les activités qui sont censées être le cœur du métier. Cela ne donne pas une psychologie enthousiaste, évidemment. Le burn out grandit dans le métier enseignant parce que toutes les réformes vont dans le sens de l'exaspération de la pression pour des activités de tous types, et qui ne sont pas ce pour quoi les enseignants ont embrassé cette carrière. Il y a un sentiment de très grande souffrance.
- Ma deuxième observation concerne l'idée d'espoir. Est-ce qu'il y a matière à espérer, dans la société actuelle, telle que nous la connaissons ? Tout est-il dit ? Tout est-il joué ? Peut-être pas parce qu'aujourd'hui tout ce qui conduit à faire du capitalisme la règle universelle qui doit s'imposer  a atteint une côte de rejet populaire, quel que soit le critère que l'on prenne : le capitalisme aggrave les injustices, il n'est pas efficace, il n'est pas démocratique, etc. D'autre part, il n'y a pas, aujourd'hui, une seule réforme de gauche qui ne percute pas directement la logique du capitalisme. Même la Sécurité sociale, bien que contredisant certaines règles, pouvait être absorbée. Aujourd'hui, le tiers payant universel provoque une levée de boucliers bien au-delà du corps médical !
Il y a des germes, dans cette société, qui poussent à des changements majeurs. Je termine en disant que jusqu'à présent on ne s'est jamais réellement intéressé à rendre les gens effectivement acteurs.
 
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Je voudrais faire deux remarques :
1) la tentation est grande pour nous tous de faire un bilan, et un bilan qui est négatif ; et, selon l'organisation à laquelle nous appartenons (ou avons appartenu), à faire un bilan critique de cette organisation, et de lui demander son autocritique. Il faut sans doute laisser cela à ceux qui sont de la chapelle, et surtout faire son deuil de ce genre d'attitude, sinon nous n'en sortirons pas. Essayons de nous tourner vers le présent et l'avenir.
Quelles sont les raisons d'espérer ? C'est une multiplicité de résistances qui existent, de toutes les dimensions populaires ; résistances ouvrières, dans divers mouvements ; pressions exercées par les immigrés, mal comprises puisqu'on a peur d'être envahis par eux, et qui obligent à revoir la solidarité du mode de produire ; il y a bien entendu aussi toute la question écologique qui se pose.
Je crois que le problème qui est le nôtre est de fédérer ou plutôt de penser ensemble ces manières plurielles d'aller à la recherche de l'égalité et de construire des solidarités. Et c'est peut-être là où on doit trouver de l'enthousiasme, bien que cela soit difficile, parce que construire de la solidarité c'est réunir des éléments dispersés du peuple. Il ne faut pas idéaliser le peuple, mais il ne faut pas non plus en désespérer, même si l'étiage du FN, bien sûr, est préoccupant. Il n'y a pas que les classes populaires désaffiliées ou désorientées qui votent pour lui. Nous avons un immense travail à faire pour les arracher à cela.
2) plutôt que d'attendre toujours que se forme le parti de gauche, l'union de la gauche, qui va enfin nous redonner à espérer, pourquoi ne pas exploiter au maximum ce que nous avons. On vient de parler de la Sécurité sociale ; cela pouvait être une occasion de cogestion populaire. Nous n'avons pas exploité, dans le monde mutualiste, cette occasion que nous avions de résister. On peut faire quelque chose, et il ne faut pas désespérer. Refaire d'éléments dispersés des éléments populaires, et s'arracher de la tête l'idée qu'il faut absolument le débouché politique. Celui-ci viendra ou non, mais l'urgence, actuellement, c'est, à la base, au départ, de faire ce que l'on peut. Le pire n'est pas sûr. Nous avons, je crois, à (ré)apprendre à agir avec les autres, comment faire pour agir ensemble, activement, sans attendre la parole venue d'en haut.

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Moi je suis une femme d'un certain âge, et je suis pressée. Pressée d'être heureuse, de voir les richesses se répartir autrement. Je sais très bien que la richesse ne fait pas le bonheur, mais ça je m'en occupe. Ce qui m'intéresse, moi, c'est de savoir comment on peut répartir autrement la richesse, qui doit le faire, et comment on peut gérer, nous, le pays et les entreprises dans lesquelles on travaille. Le reste, pour moi, est moins intéressant. Bien que j'aie une formation d'historienne, revenir sur les choses du passé me paraît moins intéressant que de parler du présent et de l'avenir. Parce que j'ai encore cette "stupidité", peut-être, de croire qu'on peut faire un monde meilleur. Moi, je ne veux plus voir d'enfants qui meurent de faim ; de familles, roumaines ou pas, qui couchent sous les arcades des Galeries Lafayette, au mois de janvier, quand il fait 5 ou 8° dehors. Je ne veux plus le voir. Je ne veux plus voir des gosses qui sortent de l'école primaire sans savoir lire et écrire, et sans avenir devant eux. Je ne veux plus le voir ! Je ne veux plus voir d'étudiants qui sortent de l'Université et qui restent deux, trois, quatre ans au chômage dans des petits boulots précaires, où ils se sentent aliénés, où ils perdent une partie de leurs connaissances, où on casse l'envie qu'ils ont de travailler, de participer à la vie sociale. Ça, je ne veux plus le voir !
Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment on peut faire tous ensemble pour que ça cesse ; pour qu'enfin, tous ensemble, nous gérions nos propres affaires. Sur le plan économique, sur le plan politique, sur le plan municipal, sur le plan de la Nation et de l'Europe. Si elle existe encore...

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Avant de se poser la question "que faire ?", il faudrait se poser une autre question : "Que ne faut-il plus faire ?". Je pense, par exemple, au Congrès des Etats-Unis, qui a voté un budget de 1000 milliards de dollars pour perfectionner la nouvelle technologie des bombes atomiques. On peut s'en passer de ça. On peut se passer aussi de se réjouir quand on vend des avions. Parce qu'on vend des bombes avec. Et après on voit sur nos écrans des villes complètement détruites. Ceux qui achètent les avions, après ils n'ont pas les moyens de faire fonctionner les hôpitaux ; ils réduisent les budgets de l'école publique. En Italie, par exemple, les moyens manquent pour faire voler les avions. On peut ne plus empoisonner les terres agricoles, avec Monsanto notamment. Il paraît qu'un quart des terres agricoles est empoisonné. On pourrait arrêter ça. On peut aussi renoncer au gaz de schiste. Il paraît que le processus d'extraction charrie soixante produits nocifs qu'on retrouve ensuite dans l'eau du robinet. On peut sans doute remplacer les bouteilles en plastique, ce qui évitera de les retrouver ensuite accumulées par millions de tonnes dans le nord de la planète. On pourrait mettre fin à l'achat des terres agricoles des pays en voie de développement par les européens en imposant aux paysans de quitter leurs terres pour 20 centimes par hectare. Il y a toutes ces choses là qu'il faudrait d'abord ne pas faire. Après, on se plaint parce que les gens "débordent" en Europe !
Pour ce qu'il faudrait faire. À mon avis, y'a qu'une chose à faire : mettre les banquiers en situation de ne plus nuire. Pensons aux Grecs et à d'autres pays du Sud. Thomas Jefferson disait aux américains : "Le jour où les banques seront privées, ça sera comme avoir une armée terrible aux portes de nos villes. Ils vous prendront vos maisons et tout le reste, tout ce que vos ancêtres vous ont laissé".

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Je vous remercie de nous permettre de nous exprimer ; cela ne nous arrive pas souvent.
Alors, vous parlez d'économie, vous avez raison parce que l'économie n'a jamais été aussi dérégulée. On n'est même plus capable de parler de ce qui se passe, tellement c'est scandaleux.
Mais, moi, je suis très choquée que ce peuple frondeur, ce peuple français, des Lumières et de la Révolution, accepte de ne plus être en démocratie. Aujourd'hui, nous ne faisons plus de politique. Nous voyons passer à la Chambre des textes qui nous viennent de Bruxelles, qu'on a transcrits dans un langage que nous pouvons accepter. On a subi un coup d'État en 2008, quand le Congrès, à Versailles, a voté contre le peuple qui, lui, avait voté en 2005 pour l'arrêt de l'Europe intégrée en disant non au référendum sur le TCE. Je suis très perplexe de voir le grand nombre de gens dans la rue en janvier, et je ne peux que m'en féliciter, pour les morts du terrorisme, et le tout petit nombre que nous étions, au contraire, pour manifester aux portes du Château de Versailles où les députés et sénateurs étaient en train de trahir le peuple. Qu'est-ce qu'il se passe en France ? On ne fait plus de politique !
Moi je veux bien qu'on parle économie, c'est important aussi, mais l'économie est un outil qui est là pour servir le peuple. Le peuple ne va plus voter. Le premier parti de France est un parti d'abstentionnistes. Les gens ont compris que le vote "est un piège à cons". Quand vous voyez M. Estrosi, qui se présente pour avoir un mandat départemental et refile son mandat régional après à quelqu'un parce qu'il est limité en nombre de mandats, tandis que son ex-épouse fait la même chose puisqu'elle doit choisir, quant à elle, entre le Sénat et le département. On se fiche de nous, c'est pas possible !
Donc, je voudrais déjà que nous récupérions notre indépendance pour faire de la politique ! Nous devons exiger qu'on sorte de l'Union européenne qui est un empire à la solde des Etats-Unis. Nous sommes intégrés dans un empire, nous sommes vassalisés. Nous n'avons plus le pouvoir chez nous, et nous avons un simulacre de politique. J'ai entendu quelqu'un qui parlait de démocratie participative. Je pense qu'avec la démocratie participative, y compris dans le monde du travail, on doit permettre aux ouvriers, aux salariés, de faire partie de l'entreprise, d'avoir dans les entreprises non un semblant d'intéressement et de participation, comme aujourd'hui, mais un vrai pouvoir, un réel intéressement, avec le pouvoir politique et le pouvoir de direction. Après, on parlera d'économie, ça ira beaucoup mieux.

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Je suis heureux, vraiment, d'être parmi vous pour vous annoncer des nouvelles auxquelles, certainement, vous ne vous attendiez pas. On a commencé cette réunion par un moment de silence pour honorer des morts. Eh bien, moi, ce que je désire, au-delà de toutes les abominations que la dame a désiré ne plus voir, et que nous avons toujours eues, quels que soient l'époque et le régime, puisque les hommes ont toujours connu la souffrance, la maladie et la mort, la fin de tout, comme si on passait quelques temps dans l'existence et ensuite, même si on a eu quelques plaisirs, un jour, y'a plus rien, panne, malgré la quantité de richesses matérielles accumulées avec plus ou moins de brio et d'intelligence, voire de perfidie, eh bien moi je vous dit : la véritable richesse c'est l'Esprit, et l'Esprit est en chacun de nous, et l'Esprit nous a toujours dit : aimez ! Aimez ! Aimez-moi ! Aimez-vous ! Est-ce si difficile ? De commencer, avant d'attendre le changement de quelque politique ou parti dont nous avons fait l'usage, mais qui nous ont tous déçus, et pour cause. Et si on commençait par nous changer nous-mêmes ? À commencer par sentir qu'en nous il y a une énergie constante qui ne nous lâche pas d'une seule seconde puisqu'elle anime notre cœur. Pour quelle raison ne pas déjà connaître la joie d'exister ? D'exister en aimant tout le monde puisque chacun est comme moi.
Alors, vous allez me dire, oui, mais tout ça c'est bien beau, tu es en train de rêver, tu es en train de faire de la métaphysique ; de quelle religion il est ce monsieur, penserons peut-être certains parmi vous. Eh bien je ne suis de rien du tout ! De rien du tout ! Je suis avec vous, et je voudrais m'adresser, pour répondre à votre question, à l'imaginaire (politique, je ne sais pas, parce que je n'aime pas "tiquer", moi). Aujourd'hui, on a les moyens, avec l'Esprit, de rire et de guérir de tout. Mais oui, je vous annonce qu'on va être bientôt tous heureux, on n'aura plus besoin de médecine, et on aura besoin que d'amour. Alors, je vous propose... [mouvements divers dans la salle]
Si vous voulez que j'arrête immédiatement, j'arrête !...
Non, continuez !, dit Daniel Amédro
Alors, je conclus ! Monsieur, là, à ma droite, pense que pour sortir de la mainmise du capitalisme il faudrait sortir du salariat. J'ai exactement la même pensée. Et je vais être très pratique. Je dis que si nous n'acceptions plus jamais de "sal-aire", eh bien on va connaître le "bon-air" de la liberté, de l'égalité et de la fraternité puisque nous n'aurons plus rien qui nous divise, on aura tout à l'œil.
Réfléchissez ! J'ai déjà tout réfléchi. Il y a un film qui va sortir. Vous allez voir qu'on va se débarrasser de l'ar-gent !

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Je tiens d'abord à remercier et à féliciter les Amis de la liberté pour cette invitation à parler de ce sujet un peu plus terre à terre qu'on ne pourrait le croire : "quels voies et moyens de nous désembourber ?". Cette contribution à été préparée avec une camarade.

Pour sortir du bourbier où nous sommes, il convient d'abord de sortir des diverses organisations supra-nationales qui nous empêchent de mettre en place les solutions économiques, sociales, écologiques et politiques qui permettront un véritable progrès pour les peuples.
A) Sortir de l'OTAN, car l'OTAN est source de guerre, à travers les divers conflits qui éclatent dans le monde, tant au loin que tout près de chez nous. Nous y sommes dans une relation purement vassale, face à un suzerain états-unien qui ne vise qu'à conserver la position hégémonique qu'il estime devoir lui revenir parmi les nations.
B) Sortir de l'euro. Aux mains de la Banque Centrale Européenne (BCE), dirigée par la haute finance internationale et par les banques, l'euro est un outil redoutable d'asservissement des peuples, avec les politiques d'austérité qui leur sont imposées, qui entraînent le désespoir, la déshérence, la misère et la colère de l'affrontement de tous contre tous, le tout imposé sous couvert des sacro-saints dogmes de la compétitivité et de la "concurrence libre et non faussée".
C) Faire sécession hors de l'Union européenne. C'est un passage obligé pour pouvoir regagner notre souveraineté nationale et populaire, dans un collectifs d'humains qui partagent une langue - le français - et qui fait peuple, une communauté réunie autour du projet de la République, dans un ensemble qui s'incarne dans la nation.

Mais tout ceci - sortir de l'OTAN, de l'euro et de l'Union européenne - n'aurait aucun sens si nous ne mettions pas fin à ce que Jean Jaurès comparaît à "la nuée qui porte l'orage" : le capitalisme. L'existence de ce dernier s'épanouit toujours dans l'accumulation et la prédation au détriment, entre autres, des membres les plus vulnérables de la société.
Autrement dit, il nous faut abandonner un système qui ne peut nous mener qu'à la destruction et la mort, après avoir emprunté le chemin de la barbarie.

Les choses ne seront certes pas faciles au début, mais nous serons ensembles à retrouver un avenir. Avec nos voisins, proches et lointains, nous pourrons alors échanger dans tous les sens du terme, notamment dans l'esprit de la mise en œuvre de la Charte de La Havane.

Nous irons enfin dans une direction choisie collectivement et par nous seuls.

Nous reprendrons alors notre destin en main.

Ce n'est pas là douce rêverie, mais un projet de démondialisation et de libération nationale, un projet issu du constat accablant de la réalité autour de nous.

Seuls les visionnaires sont pragmatiques.
[applaudissements]

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Merci aussi pour cette soirée.
Je parlerai simplement de deux livres :
1) Le capital au XXIème siècle de Thomas Piketty, sur lequel Frédéric Lordon fait un article dans Le Monde diplomatique de ce mois.
Réduire les inégalités est une chose. Les richesses produites peuvent être réparties plus également, moins inégalement. Le capital, la fortune, peuvent être entamés en augmentant les impôts, l'ISF, etc. Mais le capital c'est aussi le capitalisme. Capitalisme financier. Et tant qu'il y aura l'exploitation du salariat, eh bien, on aura beau créer des richesses, elles auront beau être réparties plus égalitairement que maintenant, il ne reste pas moins que le capitalisme sera toujours là, et sera là en oppression.
Je voudrais dire aussi qu'on n'est pas en démocratie dans un domaine très prégnant, c'est dans l'entreprise. Dans l'entreprise, c'est la dictature. Et tant qu'on n'aura pas changé ça, peu de choses changeront.
Le livre de Piketty a été encensé par les médias, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires aux Etats-Unis ; il ne dérange pas grand monde ; oui, les patrons seront obligés de payer un peu plus d'impôts... Aux Etats-Unis ça commence ; ils seront obligés d'augmenter les salaires... Aux Etats-Unis ça commence ; mais cela ne changera pas la nature des choses, et les cycles reviendront toujours.
2) Le deuxième livre, je ne l'ai pas lu entièrement, mais je vais le faire. C'est La dynamique de la révolte, Sur les insurrections passées et d'autres à venir, de Eric Hazan. 150 pages, 10 euros.

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Divers orateurs ont remercié les Amis de la liberté de cette initiative. Cela nous fait très plaisir à nous les Amis de la liberté ! Nous ne nous sommes peut-être pas trompés, s'il existe, effectivement, dans ce pays, un désir de prise de parole, qui ne s'exerce pas que au cercle des Amis. Mais, en même temps, je constate que nous avons une des assemblées les moins nombreuses de nos soirées critiques [60 personnes]. 60 personnes qui veulent bien se poser la question '' Que faire ?", et tous les autres qui, sans doute, ne l'imaginent même pas, qui se disent, peut-être, qu'il n'y a rien à faire. C'est que, aujourd'hui, le débat politique est essentiellement un débat culturel, et c'était donc tout à fait naturel que les Amis de la liberté prennent l'initiative de cette soirée. On ne transformera pas ce monde si on ne récupère pas tout ce que nous avons perdu au plan culturel. Nous sommes dans une période de régression intellectuelle, morale, philosophique, qui fait que, effectivement, le peuple a oublié que c'est lui le souverain. D’où l'abstention, dont Raymond Barre, celui qui sommeillait jusqu'à ne plus se réveiller, disait volontiers que le jour où plus de la moitié des électeurs n'iraient plus voter le système serait définitivement assuré. Donc, souhaitons qu'il y ait d'autres soirées comme celle-là, en espérant qu'elles soient plus fournies. Nous essayons de trouver des solutions. Beaucoup tournent autour de l'idée de sortir : de la Vè République, de l'Europe, de l'euro, du nucléaire, de l'OTAN... Mais une fois qu'on est sorti et qu'on est sur le pas de la porte, qu'est-ce qu'on fait ?! Et ça, il faut en débattre avant de prendre la porte ! Parce qu'après ce sera trop tard. On sera vaincus par des gens qui ne nous laisseront pas faire. Donc, c'est pour ça que la conquête culturelle, aujourd'hui, elle est essentielle. Essentielle à l'école, à l'Université, dans les médias ! C'est Marie-Georges Buffet qui répétait toujours : "Il n'y aura pas de transformation sociale dans ce pays s'il n'y a pas une réforme radicale du système médiatique ". Voilà ! Alors nous, les Amis de la liberté, nous y contribuons à notre modeste dimension.

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Je suis content de parler derrière Jean-Baptiste pour prolonger son discours. J'ai été candidat, le dernier, sur la liste des municipales, en tant que doyen, et, à 80 ans, je n'ai plus grand projet de vie. Mais, néanmoins, j'avais demandé, dans la campagne des municipales, qu'il y ait un débat sur la culture. Il était programmé, et on n'a pas eu le temps de le faire ! Parce que, pour les politiques, la culture c'est dangereux ! On fait une campagne pour dire "Votez pour nous !". Or, si on veut redonner le pouvoir aux citoyens, à quels citoyens ? J'ai envie de poser la question ce soir : combien de gens, ici, habitent des HLM des Moulins ? Des HLM de Las Planas ? Des HLM de St Roch et de L'Ariane ? [Une voix : "Moi !"]
Nous n'avons plus de contact avec ces gens-là. Je pourrais vous raconter l'histoire de la culture à Nice puisque je l'ai vécue. J'ai fait partie des gens qui ont créé le Théâtre de Nice. La première pièce c'était La route étroite pour le Grand nord. Un journaliste est venu, après les premiers remous qu'elle a provoqués, et il a intitulé son reportage : La route étroite pour la culture. Mais, au niveau national, je pourrais aussi vous dire comment le pouvoir politique a récupéré le grand élan culturel qui s'est produit après la création du ministère de la culture par Malraux, lequel parlait de "partage des biens de l'esprit pour tous". Si on veut redonner le pouvoir aux citoyens, il faut qu'ils aient quand même quelque chose dans la tête, autre que ce que Monsieur Le Lay prétendait leur y mettre pour vendre sa lessive !
Alors, voilà, et je voudrais apporter un autre témoignage. Si, tout à l'heure, j'ai demandé une minute de silence, c'est parce que le problème n'est pas franco-français, il est mondial. À la manifestation l'autre jour, une jeune élève journaliste me demande : "Mais pourquoi vous êtes là ?". Moi, je m'estime comme un privilégié ; privilégié par rapport aux Grecs ; lesquels sont privilégiés par rapport à ces gens qui sont morts dans la Méditerranée ;
Il m'a été donné, comme privilège, il y a deux ans, d'aller faire des rencontres poétiques à Pointe noire au Congo. Deux choses sur ce séjour de quinze jours : à la cantine des pétroliers, où j'étais parce que j'étais invité, et moi seul, il y avait tous les européens qui profitent de la manne pétrolière et quelques africains sortis du placard ; bien habillés, plus habillés encore que les européens. Et puis, on sortait de l'établissement, et on était projeté dans un autre univers.
La semaine d'après, je suis allé dans un lycée, dans un quartier particulièrement pauvre, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir les meilleurs résultats, parler de poésie. 7000 élèves de la seconde à la terminale. Cours pour les secondes le matin, pour les autres l'après midi ! Des baraquements comme ceux que j'ai connus, en Normandie, après les bombardements. Mais, mais, j'ai été impressionné par l'écoute, l'envie de ces jeunes, -180, -tassés dans une salle où, ici, on mettrait 45 élèves. Assis par terre, avec leur crayon, à poser des questions d'une grande pertinence, qui m'ont ému ! Et je me dis : pour sortir de cette merde dans laquelle on est, c'est peut-être ces gens-là qui vont nous sauver.
Pour terminer, je vous renvoie à La fabrique du possible, Quelle réponse culturelle à la crise de sens ?, un très très bon article de Alain Hayot. C'est essentiel ! Au Parti communiste et au Front de gauche on m'a dit, non, on n'a pas le temps de le faire le débat. Il faut le faire !
Par ailleurs, au niveau économique, j'ai lu et je vous conseille, de Jacques Atlan : L'argent des pauvres, les milliards des banques, Alternatives financières et politiques. Je vous lis sa dernière phrase : "Les salariés des banques, en plus d'être des citoyens, aspirent à conquérir l'indispensable pouvoir de gestion dans les banques pour en faire un véritable service public financier sous contrôle citoyen, comme un bien commun de l'humanité".


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Cela a déjà fait, mais je tiens à le redire ; je remercie plus que vivement les Amis de la liberté de nous offrir cette possibilité de débat parce que je pense que c'est nécessaire. À mon sens, ne vous offusquez pas si les salles ne sont pas pleines, c'est parce qu'on n'a plus l'habitude de débattre ; parce qu'une sorte de pensée unique se répand un peu partout, même dans nos rangs. Je crois donc qu'il est normal, aujourd'hui, que nous constations de visu que cette habitude du débat et de proposition commune, avec, comme autrefois, des engueulades par exemple, est un peu passée de mode. Donc, c'est tout à fait normal, et je vous félicite d'avoir eu cette initiative, et je vous en remercie à nouveau.
Je prendrai un certain nombre d'éléments qui ont été exprimés ce soir, et que je partage totalement.
L'Université, le ravage de l'Université. On ne peut plus y exercer son métier comme on devrait pouvoir le faire. Je pense que c'est la même chose dans beaucoup, beaucoup, de secteurs. L'hôpital. Que disent les médecins hospitaliers, les chefs de clinique ? Que la plus part du temps, ils doivent remplir des papiers, et qu'ils une peuvent pas organiser leur service. Et qui est-ce qui organise le service ? Ce sont les ARS, Agences Régionales de Santé, c'est-à-dire un super-préfet de région qui s'occupe de la santé, et fait en sorte de diriger cela à des fins économiques, pour faire des ...é-co-no-mies. Est-ce que la santé doit se penser en termes purement budgétaires ?
Ce qui est vrai pour l'Université, pour la santé, est vrai pour l'école. C'est vrai aussi pour la culture. C'est vrai que c'est un volet auquel on n'accorde presque plus d'importance. Tous ces volets-là, que sont-ils devenus ? Eh bien, les uns et les autres ont été marchandisés, où sont en voie de marchandisation totale. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'on en fait des marchandises, pour que ce soit rentable. Donc, ceux qui ne sont pas solvables seront exclus de ce système. C'est cela le capitalisme financier moderne ! Cette barbarie ! C'est vrai que le capitalisme a toujours été prédateur. Il y a toujours eu ce comportement de la part des possédants vis-à-vis des classes opprimées.
Aujourd'hui, ils ont réussi à atomiser les rapports entre les personnes dans les entreprises. Les "auto-entrepreneurs", contre lesquels je n'ai rien, bien entendu, sont bien le signe qu'il n'y a plus personne, dans les entreprises, capable de s'opposer à la toute-puissance du capital, et spécialement du capital financier, avec les conseils d'administration, les actionnaires, qui imposent leurs diktats, qui veulent toujours plus.
Alors, monsieur parlait des morts en Méditerranée. On a bien fait de faire une minute de silence. J'aurais ajouté deux choses :
1) j'aurais aimé qu'on aie à peu près la même minute de silence pour les morts en Ukraine, notamment à Odessa, où les nazis ont brûlé, purement et simplement, des militants. Brûlés, massacrés. Ces gens-là mériteraient qu'on s'y attarde un peu plus. Dans le Dombass, c'est pareil. On a bombardé les écoles, les hôpitaux, etc, etc. Ces gens qui ont traversé la Méditerranée dans des bateaux de fortune, ont-ils eu le choix ? La réponse est non ! Pourquoi ? Je pense à des conférences de monsieur Charvin, ici présent, qui nous a éclairés sur les horreurs commises en Libye, soit disant pour apporter la paix. Avec des bombes... C'est l'OTAN qui l'a fait, que je sache. Et nous, on est rentrés à nouveau dans le commandement intégré de l'OTAN en 2008. Toutes ces choses-là existent. Et voici ce que je voudrais mettre en avant, en vous remerciant de pouvoir l'exprimer ce soir : on a une impérieuse nécessité de se réapproprier le politique, mais un politique global, c'est-à-dire la cause des causes. La cause des causes, cela a bien été dit, c'est le capitalisme. Mais quel est le principal instrument, dans notre pays, de ce capitalisme prédateur ? Pour moi, c'est l'Union européenne. Pour moi, il est impératif de sortir de l'Union européenne. Impératif de sortir de l'euro. De sortir de l'OTAN.
Sortir de l'Union européenne déjà parce qu'on a voté non en 2005, massivement. En 2008, on nous a remis la sauce. Sortir de l'OTAN, je passe.
Sortir de l'euro parce que c'est catastrophique. C'est une monnaie unique, qui impose à tous les pays un système de critères ; Maastricht, etc.
Il faut faire tout ça. Et, pour répondre à une question de Jean-Baptiste, tout à l'heure, qui disait : on sort, mais on ne sait pas ce qu'on va trouver, je dirai que c'est tout l’objet du débat politique, qui doit être à l'origine des réponses et des solutions.
Je vous remercie d'avoir permis ce genre d'expression, merci.
[applaudissements]

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Finalement, la question clé est : quelle est l'alternative que nous pouvons proposer ? Il y a une énorme confusion là-dessus. Il n'y a pas de solution miracle. Soyons réalistes, c'est-à-dire soyons utopiques. On se souvient de ce mot d'ordre de mai 68.
Comment revitaliser la démocratie dans un système parlementaire où les partis sont devenus de facto des agences électorales, souffrant de plus en plus des excès du clanisme, du jeu des ambitions personnelles, d'un manque terrible de démocratie interne, et d'un excès de bureaucratie ? Une des raisons de cette désaffection pour les partis et le débat politique, qui est dangereuse pour la démocratie, est là.
Que faire ? Pas de solution miracle. Pratiquement impossible de passer de la démocratie représentative actuelle à la démocratie directe radicale, ou même à la démocratie conseilliste qui ne peut se développer, on le sait par l'histoire, que dans des situations de rupture révolutionnaire (cas de l'insurrection hongroise en 1956 ; voir aussi Budapest en 1919). Il faut donc des étapes de transformation intermédiaire pour l'institution et la multiplication des assemblées citoyennes délibératives revendiquant le contrôle des affaires publiques, du travail des députés et des sénateurs.
Il s'agit donc d'envisager la refondation de la démocratie par la base, par un système mixte d'assemblées délibératives et de référendums soumettant chaque projet de loi au vote des citoyens et du peuple comme c'est le cas, par exemple, en Suisse. Et on pourrait aussi envisager la fondation d'une VIè République, citoyenne et populaire, mettant fin au présidentialisme de la Vè République, qui concentre trop de pouvoirs entre les mains du président.
La question cruciale, dans l'immédiat, est donc celle de la création et de la multiplication des conseils citoyens. Tant il est vrai qu'il n'y a qu'une seule souveraineté, c'est celle des citoyens.
[applaudissements]

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La démocratie est en crise. Elle n'est pas telle qu'on la souhaite, etc. Moi, je me pose la question, et je la pose à vous tous : et si la démocratie, c'était sa nature d'être comme cela ?

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Merci encore aux Amis qui ont pu organiser ce débat. C'est très important que nous puissions échanger là-dessus. Il y va même de notre survie.
Alors, bien sûr, on est frappés de plein fouet par la crise. Crise économique, industrielle, politique, culturelle... Mais, quand nous regardons, le nombre de riches augmente. Les voitures de course, qui coûtent très cher, se vendent comme des petits pains. On est obligé de se poser des questions et de jeter un regard lucide sur nos propres moyens d'existence.
Quand on dit que la démocratie est mise à mal, que les libertés sont bafouées, certains disent : oui, mais on est quand même mieux ici, en France, qu'ailleurs. Mais ce n'est pas parce qu'on est mieux ici qu'on ne doit pas pouvoir lutter pour avoir une meilleure vie.
Il y a une arme fatale qu'utilise le capitalisme, ce sont les médias. Ils endorment le peuple, ils font peur aux populations. Ils les amusent. Et tout le monde suit ces médias qui font la propagande et l'apologie de leur système ; qui poussent les populations vers la consommation à outrance. Et les gens ont l'illusion d'être bien, d'être heureux, en tombant dans ce système de consommation. C'est troublant. Les gens n'ont pas le temps et la force de réfléchir, de réagir aux problèmes qu'ils rencontrent.
La contradiction c'est que les gens ont peur et, en même temps, on les voit manifester quand le pouvoir les incite à le faire, comme pour Charlie Hebdo, alors que quand nous faisons des manifestations on peut compter presque sur les deux doigts de la main les manifestants. Plus la manifestation est importante, moins il y a du monde. Regardez ce soir, ici, on n'est pas très nombreux. Ce n'est pas que les gens n'ont pas de propositions à faire, mais ils ont des priorités qui ne sont pas celles d'apporter des solutions et de jeter un regard lucide sur nos moyens d'existence.

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Au risque de radoter, on a parlé de démocratie, qui est un système qui repose sur les princes de liberté, d'égalité, de fraternité. On peut constater que, actuellement, dans le domaine politique, ces principes, s'ils sont proclamés en théorie, n'existent pas en pratique. Sur le plan plus privé, dans le domaine de la famille et du couple, ces principes sont proclamés également, même si, là aussi, la pratique laisse à désirer. Il n'y a qu'un seul domaine, celui du travail, secteurs privé et public confondus, où les principes démocratiques de liberté, égalité et fraternité n'existent ni en pratique ni en théorie, ce que personne ne semble remettre en cause. Là, tout le monde semble accepter comme quelque chose allant de soi les principes de hiérarchie, d'autorité, de domination, que, par ailleurs, on conteste et remet complètement en cause dans le domaine politique et dans le domaine privé. À mon avis, c'est un peu illusoire de parler de démocratie tant que dans ces domaines qui constituent l'essentiel des conditions d'existence de la majorité des gens on ne remet pas en cause ces principes d'autorité, de domination et de soumission verticale, que ce soit, je le répète, dans les secteurs public ou privé. Tant qu'on n'aura pas passé cette phase qui n'est pas une mince affaire, qu'on n'a pas réussi à faire, jusqu'à présent, de toute l'histoire de l'humanité, tant donc que cette phase n'aura pas été accomplie, ce sera complètement illusoire de penser qu'on va pouvoir changer quelque chose par la politique, par l'action venue d'en haut, par les lois, par diverses mesures constructivistes.

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Je voudrais ajouter deux ou trois aspects à ce que j'ai déjà dit.
1) d'abord un exemple qui suggère qu'avant de faire des grandes théories générales on ferait bien d'ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure, et sur ce qui est possible. Dans mon petit village la démocratie est parfaite. Le conseil municipal se réunit, et il y a une mezzanine qui permet au public d'assister aux débats. [c'est partout comme ça, indiquent plusieurs personnes dans la salle]. Mais alors, si on a une telle caricature de la démocratie, de l'intervention des citoyens dans la vie de leur cité, ça veut dire qu'il y a des possibles dans le cadre des institutions actuelles dont on peut se saisir. Tout n'est pas à inventer.
2) Sur Syriza. Je suis offusqué parce que, pour l'instant, Syriza et le gouvernement grec sont seuls. Avant de songer un demi-instant à les critiquer, songeons à la manière dont nous pouvons contribuer à faire qu'ils ne soient pas seuls.
3) je pense que ce qui manque pour l'instant dans ce pays, c'est que depuis des décennies il n'y a eu aucune réforme marquante pouvant être caractérisée comme un progrès. Si on arrive, par les volontés individuelles et collectives, à faire que des petits pas se fassent dans un sens apprécié majoritairement, puissamment majoritairement, comme un progrès, la situation actuelle poussera les choses très en avant. Encore faut-il prouver l'existence du pudding. C'est ça la question.

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Une petite remarque de méthode. En venant ici, ce soir, je pensais qu'on allait ouvrir, et c'est ce que je souhaite toujours, un certain nombre de dossiers, très concrets, depuis la VIè République que j'ai essayé de présenter, jusqu'à la vie de quartier, en passant par l'Université, l'école, etc. Ouvrir ces dossiers pour imaginer ce qui pourrait être différent. Je pense, par exemple, à l'Université et à l'école en général. Je me suis éloigné du monde syndical de ma profession à partir du moment où je n'y entendais que des revendications quantitatives : effectifs, budgets. Or, j'ai le sentiment que si c'est pour fabriquer exclusivement des corps de managers, comme cela peut devenir le cas dans toute l'Université, je ne vois pas pourquoi on leur donnerait plus de moyens, si ce n'est pour fabriquer en plus des cadres moyens pour les entreprises qui ferment. Moi, il me semble que les problèmes de programme, de pédagogie, sont aujourd'hui tout aussi importants que les problèmes de moyens. Les moyens sont certainement une condition nécessaire, mais absolument pas suffisante. Il faut imaginer une autre école, une autre Université. Qui enseignerait autre chose, qui travaillerait d'une autre façon.
Même chose pour la gestion d'une ville. On peut être admiratif, aujourd'hui, du développement de ce centre ville niçois qui devient de plus en plus somptueux. Mais qu'est-ce que ça veut dire "centre ville" ? Pourquoi une ville ne pourrait-elle pas comporter différents centres ? Des centres qui seraient aménagés pour chaque quartier, chaque population, sans qu'ils aient besoin de prendre le tram ou le bus pour aller en "centre ville". Cela permettrait aux jeunes des banlieues de vivre autrement.
Pourquoi pas un dossier sur la gratuité ? N'y a-t-il pas toute une série d'activités qui pourraient être gratuites ? À commencer par les transports. Pensons aux chômeurs à la recherche d'un boulot qui dépensent leurs maigres allocations dans les transports. Etc.
Je voyais donc des discussions thématiques successives dans le cadre desquelles on ferait travailler notre imagination pour vivre autrement. À une époque on voulait "changer la vie". Je pense que c'est toujours d'actualité, même si ce n'est plus avec les mêmes moyens.
[applaudissements]

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Pour prolonger ce qui vient d'être dit, il faut faire des groupes de travail sur certains sujets, élaborer des propositions, faire preuve d'imagination, et cela prendra du temps.

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Sur l'école. Nous n'avons pas pris la mesure, je crois, du désastre qu'elle connaît, surtout dans certains quartiers. Et là il y a urgence. Il ne faut pas simplement inventer, mais reconstruire, c'est-à-dire réapprendre à intéresser les élèves et à les faire travailler. La culture qui est passée dans l'école par le biais de certains syndicats, de pédagogies à la mode ou de politiques irresponsables de certains ministères c'est que l'école est faite pour être un parking de jeunes qui n'ont aucun avenir et qu'on n'a même plus envie de faire travailler. La bourgeoisie, qui avait la connaissance, qui était un peu malheureuse d'exploiter des hommes, et qui voulait leur faire apprendre un socle commun, s'en fiche aujourd'hui, et est d'un cynisme total. Et beaucoup d'enseignants, par découragement, ou aussi par manque absolu de formation, ont baissé les bras. Et je crois essentiel qu'aujourd'hui l'école revienne au centre de nos préoccupations, de nos imaginations, avec, au cœur, la formation des maîtres et l'élévation/instruction des élèves.
[applaudissements]

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L'école - enseignement scolaire et enseignement supérieur - est un débat fondamental. C'est l'avenir d'une société évoluée. L'instruction est essentielle. Aujourd'hui, on a perdu de vue ce genre de priorité.
Mais je voudrais pointer qu'il y a un danger extrêmement fort, qu'on ne voit pas, sans que je puisse dire pourquoi, c'est la fameuse réforme territoriale qui se met en place, qui va produire des potentats locaux, et qui va faire en sorte que les programmes ne seront plus nationaux, avec des recrutements des enseignants à la carte, des établissements huppés et d'autres pas. Tout cela avec nos impôts. Il y a là quelque chose de très dangereux contre quoi on devrait réagir !
[applaudissements]

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Au niveau des collectivités locales, il y a plusieurs décennies, au moins 25 ans, le maire de Bobignies avait initié la démarche qui consiste à décentraliser les budgets communaux. Nous avions ainsi dégagé par secteur des petits budgets du budget central municipal pour que les citoyens décident des priorités annuelles à dégager, en liaison avec les services administratifs, avec contrôle de l'exécution par les citoyens. La réforme territoriale, incontestablement, va faire perdre aux citoyens ces possibilités d'intervention. il faut choisir entre classe politique ou citoyenneté.
[applaudissements]

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Je vous invite tous à aller sur le site démosophie.com, et là vous allez voir qu'il y a un nombre très important de français qui, enfin, commencent à s'éveiller et donc à manifester d'une façon très fraternelle, dans un mouvement qui s'appelle le "Mouvement du 14 juillet 2015".



CONCLUSION



Pour conclure, après 1 h 45' d'expression ininterrompue du public, Daniel Amédro annonce l'établissement et la diffusion du verbatim de la soirée, la définition d'une démarche d'exploitation du matériau recueilli et l'organisation d'une suite au 4ème trimestre 2015.
Il lance finalement aux participants, visiblement enchantés de cette soirée : "vous avez été for-mi-da-bles !!!".