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Les Amis de la Liberté
Jeudi 14 septembre 2017
« LA TENTATIVE DE LIQUIDATION DE LA RESISTANCE GRECQUE, PRELUDE A LA « GUERRE FROIDE »
Paul Euzière
Président du Festival Transméditerranée
Chers amis,
Je voudrais tout d’abord dissiper un petit malentendu sur le thème même de cette conférence.
Lorsque « Les Amis de la Liberté » m’ont proposé d’aborder le thème des fascismes et « des Résistances aux fascismes », je leur ai donné mon accord car c’est une question que j’ai étudiée -et que j’étudie- depuis longtemps et qui est au cœur de plusieurs conférences que j’ai données.
Ceci étant, le sujet est si vaste dans le temps comme dans l’espace qu’il ne peut faire l’objet d’une seule conférence.
Car le fascisme, est d’abord une histoire italienne qui débute -formellement- avec la création, le 23 mars 1919, à Milan par B. Mussolini des « Faisceaux de Combat » (« Fasci Italiani di Combattimento ») qui deviendront au Congrès de Rome en 1921, le Parti National Fasciste.
Mais le fascisme, au fil du temps, va devenir un phénomène européen et mondial affectant plus ou moins tous les pays depuis presqu’un siècle.
Les théoriciens et politiciens fascistes, dans toutes leurs variantes, on en retrouve évidemment dès l’entre-deux guerres, en Allemagne avec le nazisme -« le National Socialisme » et le IIIème Reich, mais aussi en Autriche, en France, en Belgique, en Hollande, Norvège, Suède, Croatie, Espagne, Portugal, Grande-Bretagne, Bulgarie, Roumanie, Etats-Unis, Japon, etc.
Pendant et après la IIème Guerre mondiale, ils feront des émules dans les pays baltes, en Ukraine et jusqu’en Amérique du Sud et au Proche Orient.
Aujourd’hui, dans un contexte tout à fait différent de celui de l’Après Ière Guerre mondiale et de l’Après IIème Guerre mondiale, un contexte nouveau marqué par la disparition de l’Union Soviétique et la fin de « la politique des blocs » issue de la « Guerre froide », on assiste à une troisième génération de fascismes y compris dans des pays qui ont été particulièrement victimes des crimes fascistes pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple l’Ukraine ou la Grèce.
Certains chercheurs et militants -mais ce n’est pas l’objet de cette conférence- associent également, du fait de leur caractère interclassiste, « identitaristes » violent et excluant, la plupart des partis islamistes.
C’est dire que les fascismes sont multiformes.
Mais les partis et mouvement qui s’en réclament plus ou moins ouvertement ont néanmoins en commun une même fonction économique et sociale.
Finalement, et dans sa concision, je crois que le fascisme au pouvoir, c’est comme l’a dit avec raison dès 1935 le Bulgare Georgui Dimitrov : « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ».
Georgui Dimitrov qui avait eu à affronter le fascisme dès septembre 1923 en Bulgarie et qui a été le héros du Procès de Leipzig en 1933 -le procès de l’Incendie du Reichstag que les nazis au pouvoir avaient organisé et imputé aux communistes- était Secrétaire de la IIIème Internationale (communiste).
En 1935, lors du VIIème Congrès de l’I.C., alors que partout en Europe le danger fasciste se précisait, c’est lui qui appela à constituer partout des Fronts Populaires pour « le Pain, la Liberté et la Paix ».
Ce qui me paraît essentiel ici, c’est la définition du fascisme non seulement par rapport à son contenu idéologique, mais par sa fonction politique et socio-économique.
Il me semble qu’aujourd’hui, parce que nous sommes envahis par « la politique spectacle », on oublie trop souvent qu’une force politique ou un parti ont d’abord une fonction et qu’ils sont aux services d’intérêts qui dépassent, et de loin, les ambitions et gesticulations de telle ou telle personnalité.
La réflexion sur les fascismes m’a conduit aux résistances, la première que j’ai étudiée étant les Résistances allemandes au nazisme (car les premières victimes des nazis furent d’abord des Allemands dont certains furent d’éminents Résistants en France), puis un autre sujet méconnu, la Résistance dans les camps de concentration (dont on oublie trop souvent la fonction de réservoirs de main d’œuvre esclave pour les grandes firmes allemandes) et enfin la Résistance grecque.
C’est cette Résistance ignorée (chez nous), qui a été massive et héroïque mais aussi d’une rare originalité dans son projet de « laocratie » (λαοκρατία) -pouvoir radical du peuple, que je vais évoquer.
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