Simone et RaphaëlMonticelli
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Robert Injey
Une bien triste nouvelle en effet.
Merci de bien vouloir transmettre mes condoléances attristées à sa famille dont je n'ai pas les coordonnées
Christian Depardieu
Ohhh ... nous sommes bouleversés ...
Nous perdons un inestimable Ami de la Liberté.
Nous l’avions félicité à l’issue de notre assemblée générale.
Nous sommes loin de Nice cette semaine, nous nous associons à la peine collective de nos camarades.
Nous ne l’oublierons pas.
Christian et Marie-Françoise Gilabert
Je suis atterré par cette nouvelle. J'avais dernièrement raccompagné André chez lui après une conférence, nous avions beaucoup parlé, il était en pleine forme. Sa disparition est dramatique. Je reste à ta disposition. André Baudin.
Bonjour,
Je suis triste d’apprendre le décès de votre président André TOSEL.
Je vous prie d’accepter et transmettre mes sincères condoléances à sa famille et ses proches.
Bien à vous,
Ce n'est pas possible. Comment y croire?? La lutte sans toi....inconcevable. Toi le communiste rayonnant, ouvert, fraternel, fidèle en amitié, en engagement. Tu étais là et cela nous donnait force et surcroît de conviction.
Et que tu as semé André! Une pensée marxiste toujours en recherche; tu faisais vibrer les concepts, nous te lisions, nous t'admirions. Une œuvre. Une vie.
Il y a des hommes qui, par l'épaisseur et l'utilité de leur vie, par leur altruisme, contribuent à améliorer le genre humain.
Hasta siempre André.
Jean ORTIZ
Je suis bouleversé. Nous perdons aux Amis de la Liberté un Président et
un inestimable compagnon. Il en est de même pour le PCF et la pensée
marxiste. André, ses ouvrages, sa recherche permanente de concepts
philosophiques, sont de portée internationale.
Très affectés et touchés par cette annonce brutale. Un grand homme et humaniste nous quitte. Nous ne l'oublierons pas. Plus que jamais ses combats restent d'actualité.
Sincèrement
Pour le SNUipp-Fsu 06
Gilles JEAN, Sylvie CURTI
Le Cercle Condorcet et son président sont très très tristes ce soir en apprenant la disparition de notre ami André Tosel que nous connaissions depuis quarante ans et dont nous saluons la mémoire, celle d’un grand philosophe, humaniste, homme de dialogue et de rigueur, toujours disponible pour faire progresser la pensée de l’émancipation et offrir de superbes conférences à un public très large.
Nous nous associons à la peine de Martine et des Amis de la Liberté.
Roger Le Fers
Robert Escallier
Madame, Monsieur, chers Amis du Cercle Condorcet,
C’est avec une immense tristesse que nous apprenons la disparition brutale de notre ami et adhérent André Tosel, philosophe de renommée internationale, professeur émérite à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis. Nous savons combien nous sommes redevables depuis des décennies, dans différentes instances d’éducation, de savoir et de vie citoyenne, à ses travaux et recherches, à sa disponibilité pour les diffuser à un public le plus large possible, à son attachement au mouvement d’éducation populaire, à sa capacité d’écoute et de dialogue, à sa générosité et à sa grande humanité. Une grande et belle voix de la pensée de l’émancipation vient de s’éteindre et nous en sommes profondément affectés.
Cercle Condorcet 06
Monsieur le Président,
françoise maddens
Amitiés à tous et condoléances à la famille !
Pascal LAZARRE
effroyable série, un excellent et brillant camarade s'en va.
Tenez-nous, je vous prie, au courant d'une cérémonie!
Didier Pallot.Je suis sous le choc.
Philippe Jerome.
AMIS de la LIBERTE,
Incroyable, inimaginable, Oui ! une bien triste nouvelle. Quelle immense perte pour tous les « Amis de la liberté », pour tous ses admirateurs de gauche. Je l’ai écouté, j’ai bu ses paroles combien de fois, j’ai été transporté lorsqu’il nous parlait philosophie.
Un tel chercheur, théoricien ne se remplace pas, mais les ouvrages qu’il a écrit et qui nous aident à grandir « EUX NE MOURRONT JAMAIS ».
pierre garbarino
POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE (PRCF-O6)
Cher camarade Louis Broch,
Nous apprenons le décès brutal d’André Tosel, militant communiste, philosophe marxiste, fin connaisseur de Gramsci et professeur émérite à la Faculté des Lettres de Nice.
Au nom du PRCF-06, dont certains adhérents s’intéressaient de près aux travaux du camarade Tosel, au nom également de Georges Gastaud, philosophe, secrétaire national du PRCF et ancien étudiant d’André, dont notre camarade défunt avait commenté le dernier ouvrage sur le site de l’Humanité, nous t’adressons nos sincères condoléances et nous te demandons de bien vouloir les transmettre à l’épouse et aux proches du disparu.
André venait également de signer l’appel-pétition lancé par Annie Lacroix-Riz, Georges Gastaud et Jean Salem pour une approche objective, non grossièrement manichéenne et antisoviétique comme c’est devenu l’usage, de la Révolution prolétarienne d’Octobre 1917 (cf la PJ).
Fraternellement, Alex Falce, ancien membre du comité fédéral du PCF-06, secrétaire départemental du PRCF, syndicaliste à Monaco,
auquel se joint Georges Gastaud.
Alex FALCE
Tristesse partagée!
Alain Freixe
C'est avec une immense tristesse que j'apprends la nouvelle de la mort d'André Tosel. Il était non seulement un ami et un collègue qui brillait avec sa grande culture philosophique et son érudition, mais aussi un philosophe très engagé dont le combat pour l'émancipation, pour la laïcité et la justice sociale était exemplaire. Avec lui, la France et surtout Nice perd son plus grand penseur et philosophe qui était en même temps aussi un homme toujours prêt au dialogue, un homme courageux et modeste, très conscient aussi des graves problèmes et crises qui caractérisent notre époque.
Je n'ai trouvé nulle part une indication sur ses obsèques; en savez-vous plus?
Les amis de la liberté lui rendront-ils un hommage? Peut-être pourraient-ils faire appel a D. Losurdo, ou à Yung?
Fraternellement
José Gertosio
Je suis bouleversé, André était avant tout un ami.
Gérard Gire
Apprenant la triste nouvelle du décès de notre cher camarade André Tosel, je tiens à vous présenter mes sincères condoléances, ainsi qu'à sa famille.
Je n'oublie pas que, durant mon activité mutualiste, par l'entremise de feu Roger Zuntini, nous l'avions invité aux rencontres-débats de l'ECOLE DU SOCIAL, auxquelles il a toujours répondu fraternellement et fidèlement. Et je me rappelle d'une rencontre à la Fac de Lettres organisée par le Patriote avec Pierre Chaillan sur le "retour à Marx".
Un esprit profond et fraternel vient de nous quitter, néanmoins ses livres de combat et son exemple nous restent. Soyons digne d'un tel héritage !
Jean-Jacques Cassar
EN HOMMAGE A ANDRE…
Les Amis de la liberté m'ont informé hier du décès brutal d'André Tosel. La perte est immense au moment où, pour certains, notamment dans ce département si singulier, s'interroger sur notre monde et les raisons de ses misères, devient suspect. Il nous laisse cependant son exemple, son courage et ses œuvres qui sont des armes pour comprendre les ressorts de l'injustice sociale afin de mieux les combattre, et une incitation à poursuivre. La philosophie n'est-elle pas, comme disait Castoriadis, "l'interrogation illimitée avec l'obligation de rendre compte et raison" ?
Je connaissais André d'abord à travers ses livres (Kant, Marx, Gramsci, Spinoza…). C'est un vieux camarade, disparu, Roger Zuntini, qui me fit le rencontrer lors d'une initiative sur le "retour à Marx" organisée par Pierre Chaillan et le Patriote à la Faculté de Lettres de Nice.
Je n'oublie pas que, durant mon activité mutualiste, il a toujours répondu présent à mes invitations, dans le cadre de l'Ecole du Social que j'animai alors, ses interventions ont toujours passionné l'auditoire. Je n'oublie pas non plus ses livres qu'il m'adressait avec une dédicace fraternelle… Nous avions en réflexion une approche sur l'enseignement de l'histoire sociale, dans le cadre de ce qu'il appelait "les savoirs de résistance".
Son exigence et sa rigueur intellectuelles vont nous manquer. Soyons dignes de l'exemple qu'il nous laisse.
Jean-Jacques Cassar
chers Amis de la liberté,
Il avait bien voulu échanger avec moi sur une ou deux publications qui me tenaient à cœur notamment sur le devenir du communisme et sur la laïcité, sujets qui l'intéressaient manifestement. Il m'avait alors donné son avis avec une franche cordialité assez peu usuelle de la part d'un intellectuel de cette envergure. J’ai eu le pressentiment d’une intelligence critique en pleine cohérence avec l’éthique qui l’animait : une grande simplicité dans le rapport aux autres, aux antipodes de l’érudition savante dont beaucoup d’universitaires font une signe de distinction sociale. Cela m’a rendu aussitôt André Tosel sympathique, sans prétendre l’avoir connu …
Daniel Vergely
Bruno Antonini
Un philosophe est mort aujourd'hui. Un homme. Parmi d'autres.
Je ne l'ai pas connu, jamais rencontré. C'était dans mes vagues projets d'aller pour ça un jour à Nice.
Andre Tosel (Nice 1941-14 mars 2017), philosophe, est mort brutalement aujourd'hui. Ce n'était pas 'un grand' philosophe, mais il possédait des qualités, rarissimes aujourd'hui : la simplicité & le non-narcissisme. Il n'était pas, bien entendu, 'médiatique'. Il était, à la suite d'Althusser, dont il avait suivi les enseignements - et donc d'un certain spinozisme -, marxiste.
Gramsci l'avait aidé à s'en détacher. Du maître. Le P.C.F. avait quasi réussi à le dégoûter du marxisme. Les thèmes qu'il abordait dans ses derniers essais ne pouvaient que m'intéresser :
Démocratie et libéralismes, Kimé, 1995, 288 p.
Un monde en abîme : Essai sur la mondialisation capitaliste, Kimé, 2008, 345 p.
Du retour du religieux : Scénarios de la mondialisation culturelle I, Kimé, 2011, 164 p.
Civilisations, cultures, conflits : Scénarios de la mondialisation culturelle II, Kimé, 2011, 285 p.
Un colloque international "L'idée du commun. Autour de la pensée d'André Tosel" a eu lieu à l'Université de Liège les 8 et 9 octobre 2015 (Communications de Andrea Cavazzini, Édouard Delruelle, Daniel Giovannangeli, Chantal Jaquet, Marc Maesschalck, Jean-Yves Pranchère, Charles Ramond, Jean Robelin, Jean-Renaud Seba, André Tosel). Edité ?
Nous citoyens, laïques et fraternels?, Kimé, 2015, 270p.
Et puis, toujours Antonio Gramsci, ce communiste italien, mort d'épuisement, sorti des prisons mussoliniennes, dont Tosel, ces dernières années, a du réaliser combien Alain de Benoist & sa clique du Club de l'Horloge, avaient mis en pratique, depuis plus de trente ans, ses principes élémentaires que communistes &, bien entendu, sociaux-démocrates, leur avait abandonné : la lutte pour l'hégémonie culturelle.
Conscients ou inconscients, médusés ou incrédules : on y est !
Cela, au moins, lui sera épargné.
RIP.
En hommage, ce partage d'un entretien, réalisé avec lui fin mai 2016 :
"De Spinoza à Gramsci" http://revueperiode.net/de-spinoza-a-gramsci-entretien-ave…/
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Claude Zylmans, libraire conseil-Bruxelles (Ixelles)
Disparition d'André Tosel : « c’était l’un des grands spécialistes de la philosophie marxiste »
C’est avec beaucoup d’émotion que je viens d’apprendre le décès brutal d’André Tosel. Philosophe, professeur émérite de l'Université de Nice Sophia Antipolis, André Tosel c’était l’un des grands spécialistes de la philosophie marxiste.
Auteur de plus de trente ouvrages, André était d’une très grande disponibilité pour débattre, participer à une conférence, écrire un article pour le Patriote ou l’Humanité. Il avait à cœur de pouvoir développer une véritable activité d’éducation populaire.
Il adhère au parti communiste en 1974, participe à la direction fédérale du PCF 06 de 1977 à 1981. Après s’en être éloigné, dans les années 80, il avait repris sa carte, dans la dynamique du Front de gauche, lors de la manifestation du 1er mai 2012 à Nice.
De nos discussions sur la situation locale et nationale, je retiens sa très grande lucidité sur les difficultés des forces progressistes et sa volonté de pouvoir échanger, de faire partager ses analyses et ses convictions, pas simplement à un public averti, mais aussi et surtout aux jeunes et aux salariés. J’ai une pensée très émue pour ses proches.
Pierre Laurent
Je suis bouleversé par la mort brutale d’André Tosel, notre ami, notre camarade.
André était un des grands philosophes se référant au marxisme que compte notre pays. Il était aussi un grand et indéfectible ami et collaborateur régulier de l’Humanité ; Il l’enrichissait de ses larges connaissances et de l’étendue de sa culture. Il était engagé dans la réalisation du numéro spécial consacré à Antonio Gramsci à paraitre le mois prochain avec comme toujours le souci de la précision, de la connaissance, de l’intelligence. Il était comme une lumière scintillante, un repère dans ce monde de contre offensive idéologique ou tout est obscurci par de puissantes forces qui veulent prendre le contrôle intégral de la pensée et de la culture. Notre tristesse en est d’autant plus grande.
Professeur émérite, auteur de nombreux ouvrages, André Tosel avait l’âme d’un pédagogue disponible accessible à toutes et tous. Il était un philosophe praticien engagé dans des responsabilités.
Avec la pensée et la culture progressiste qui sont en deuil, l’Humanité est en deuil
A sa compagne, à ses enfants et à tous les siens, j’adresse nos sincères condoléances. Qu’ils soient assurés de toute notre sympathie et de notre solidarité.
Patrick Le Hyaric, Directeur de L’Humanité
Au nom des équipes de l’Humanité, Patrick Le Hyaric a adressé un message de condoléances à la famille : « Je suis bouleversé par la mort brutale d’André, notre ami, notre camarade. Grand philosophe se référant au marxisme, il était aussi un grand et indéfectible ami et collaborateur régulier de l’Humanité. Il était engagé dans la réalisation du numéro spécial consacré à Antonio Gramsci, à paraître le mois prochain. Il était comme une lumière scintillante, un repère de contre-offensive idéologique où tout est obscurci dans ce monde par de puissantes forces qui veulent prendre le contrôle intégral de la pensée et de la culture. » À l’annonce de sa disparition, les réactions ont afflué : Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Actuel Marx, la Ligue des droits de l’homme, les Amis de Liberté, etc.
Sergio Dalmasso
C'est effectivement une triste nouvelle que la disparition brutale du professeur André Tosel.
Il laisse un grand vide dans notre association; son enseignement , sa gentillesse , son empathie naturelle vont nous manquer terriblement.
Sincérement votre .
Michèle et Pierre Leprince.
un nouveau coup dur pour les progressistes des alpes maritimes
je suis près de vous et des siens par la pensée
eliane guigo
Je voudrais ici rendre hommage à A. Tosel, après la terrible nouvelle de sa mort précoce que je viens d’apprendre. Il aura été pour moi un double modèle. En politique, avec ou malgré tous ses titres universitaires, il aura été constamment du côté des exploités, alors que bien des intellectuels dits « radicaux » auront abandonné assez vite la lutte pour l’émancipation communiste. Et il aura été aussi un grand historien de la philosophie. Pas seulement de la philosophie marxiste avec, au départ, son « Praxis » et sa volonté de nous débarrasser du « diamat » stalinien et son immense intérêt pour Gramsci. Mais aussi un historien marxiste de la philosophie tout court et, en particulier un grand spécialiste de Spinoza avec son « Spinoza ou le crépuscule de la servitude » ou son petit (par la taille) livre sur « Kant révolutionnaire ». C’était par ailleurs un homme d’une grande sensibilité et d’une grande générosité, et ouvert au débat. Nous n’étions pas d’accord en tout : se méfiant de l’idéalisme théorique, il défendait l’idée d’éthique alors que je soutiens celle de morale en politique, et il était plus favorable aux religions que moi. Mais nos débats, au téléphone, dans les colloques auxquels il m’invitait pour y intervenir ou par écrit, restaient toujours civils. Et si le ton était parfois polémique, car c’était un tempérament passionné, il s’en excusait aussitôt après. Enfin, il aura, par sa compétence et son immense culture, contribué à introduire Marx à l’Université, à faire reconnaître son importance contre ceux qui la dénient, et à favoriser son rayonnement. Que d’autres suivent son exemple !
Yvon Quiniou, philosophe
Je viens d'apprendre la mort d'un grand philosophe de notre temps. Il fut aussi un être bienveillant, joyeux et enthousiaste, sans que le regard critique qu'il portait sur les idées ne le conduisit jamais à la posture négativiste couramment adoptée par de moins fameux. Je pense à sa compagne, qui prenait soin de lui et l'aimait depuis la disparition de son épouse, qu'il aimait tant et dont la disparition soudaine, il y a qq années, l'avait plongé longtemps dans une profonde tristesse. Au delà de son enseignement, que j'ai suivi avec bonheur, nous avons partagé de grands moments de fraternité, sentiment que sa grande intelligence ne l'empêchait pas de rechercher avec constance. Par dessus tout André aimait les autres, tous les autres, à commencer par les moins aimés de tous. Je me joins à l'hommage de ceux à qui André avait fait l'honneur de son amitié.
Magali Bessone
UFR de Philosophie
Université de Rennes 1
Que dire ? Les mots me manquent ; André était pour moi un ami rugueux et affectueux ; le 1 Mai 2015 je crois me souvenir , j’ai insisté pour qu’il ré adhère au PCF qu’il avait quitté sans le quitter vraiment ; il l’a fait. Il a été de tous nos combats ; ses conférences philosophiques étaient toujours stimulantes
André était en réflexion permanente , constamment soucieux de s’approprier ce qu’il pouvait y avoir de plus neuf ; il était d’une immense gentillesse et d’une grande humanité ; son départ est une très grande perte pour tous ; rien ne me le laissait présager ; son œuvre considérable restera une source féconde d’inspiration pour les générations d’aujourd’hui et de demain
Adieu André Ton souvenir ne nous quittera pas .
OLIVIER GEBUHRERLa disparition d’André Tosel va laisser un immense vide. Pour ses proches bien sûr, et pour la pensée critique, la réflexion philosophique, l’action révolutionnaire. Chaque production intellectuelle d’André a été d’un apport substantiel à la pensée marxiste. Sa rigueur, sa vision – toujours en avance – manqueront. Sa disponibilité aussi à répondre à nos sollicitations de journaliste et de militants.
André était un penseur libre et exigent. Sa capacité d’écoute, sa soif de débat étaient exemplaires. Et quelle gentillesse, quelle classe, quelle humilité ! Comme tous les grands hommes.
Je n’oublierai jamais ce qu’il m’a apporté intellectuellement. Une référence incontournable pour nombre d’entre nous.
Mes sincères condoléances à sa famille, ses proches, aux amis des Amis de la Liberté…
Latifa Madani
C'est bien évidemment avec tristesse que nous apprenons la disparition d'André, philosophe progressiste et engagé, Président des Amis de la Liberté. Il nous avait très récemment fait l'honneur de contribuer à l'ouvrage que nous finalisons sur les réfugiés de Vintimille par le biais d'un texte riche. Nous nous associons à la peine de sa famille et de ses plus proches camarades.
Teresa et Guy Maffeis
J’ai toujours eu une très grande admiration pour André TOSEL.
Toutes mes condoléances. Je ne crois pas avoir déjà rencontré cet homme, mais n'en ai entendu que du bien.
Courage.Bien à vous,
Antonin Rossanino-Lods
Chers amis,
A titre personnel, Aloys et moi vous demandons de pardonner notre absence à la cérémonie pour André (nous recevons de la famille hors région) et dire à Martine à quel point nous le regrettons car nous tenions André en haute estime. Courage à elle ; persévérance à tous les militants.
Avec toute notre affection.
Aloys et Annie Carton
RESF 06 (Réseau Education Sans Frontières) s’associe, bien sûr, à tous ces magnifiques témoignages de respect et d’amitié envers André, homme de conviction, de travail, de culture…
Nous rappellerons qu’avec son épouse - à qui nous disons notre profonde amitié - il était membre de RESF, soucieux de l’avenir de ces enfants de réfugiés et de familles sans papiers si malmenés par nos institutions, de ces jeunes à qui il voulait qu’on rendre justice.
Il va beaucoup nous manquer mais nous ne pourrons rien faire d’autre que de continuer sur ses traces. Ainsi, il sera toujours parmi nous.
RESF 06La CGT Éduc'action 06 présente ses sincères condoléances à la famille et aux proches d'André. Nous saluons la mémoire d'un philosophe-militant pour qui, l'Education devait être une priorité.
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la disparition d'André Tosel, philosophe engagé dans la cité, inlassable artisan de l'éducation populaire.
A travers ses études sur Spinoza, Marx ou Gramsci, à travers le développement d'une philosophie originale, foisonnante et féconde sur l'action et sur l'émancipation, ou, plus récemment, sur la laïcité et la colonialité, André Tosel n'a jamais renoncé ni transigé avec la rigueur de sa pensée.
Il a su prendre des positions fortes, allier à son statut universitaire un indéfectible engagement, prolongeant par l'éducation populaire les années consacrées à la formation des étudiants et chercheurs en philosophie politique.
Son honnêteté intellectuelle et son intégrité resteront un modèle pour nous tous.
Ses obsèques auront lieu jeudi 23 mars, au crématorium de Nice : levée du corps à 11h30, cérémonie à 13h et crémation à 13h30
Pour l'équipe d'animation de "Tous citoyens !"
Délégué régional LDH PACA
Triste nouvelle. Pour lui rendre hommage, continuez votre combat et vos actions ... comme vous l'avez justement affirmé.
Bon courage
Jean Domenichino Historien UMR TELLEMME MMSH AMU
De tout coeur avec vous..
Et je serai à vos côtés pour lui rendre hommage ce 23 mars ..
Amicales pensées
Cathie Lipszyc
Amnesty International 06
Voila une grande perte !
Très touchée par le décès d'André TOSEL, je m'associe de tout cœur à tous les témoignages de sympathie lui rendant hommage .
Viviane PrinceSoucieux d'être à l'écoute de la complexité et de la richesse du réel, il aa toujours considéré que les modèles théoriques devaient être constamment réexaminés à la lumière de la raison critique.
Toutes nos affectueuses pensées à sa compagne Martine et à tous les siens.
Clément Stora Président du Cercle philosophique CLIO.
André Tosel a été l’un de mes maîtres et mon directeur de recherches lorsque j’étais étudiante à Nice. J’ai donc eu le privilège de pouvoir bénéficier de ses enseignements et d’échanger avec lui.
Sa disparition est un choc immense.
Nous perdons un grand philosophe, une pensée puissante, d’une exigence et d’une honnêteté hors normes.
Nous perdons un homme d’une extraordinaire générosité et d’une rare humilité.
Un mot revient encore et toujours dans mon esprit, “bienveillance” : André Tosel ne cessait jamais d’enseigner , au sens le plus noble du terme.
Je relis un de ses entretiens et relève ces quelques mots : “L’éthique de la joie exige de se lier à la politique d’une lutte de classe à plusieurs niveaux qui a pour but immanent la suppression de situations où la domination est devenue insupportable, injustifiable et inutile pour le grand nombre, les multitudes.”
Et maintenant, que dire? Comment poursuivre ses combats qui sont les nôtres, que devons-nous faire? Maintenir l’urgence et l’exigence de sa pensée : Lire et relire toujours plus Spinoza, Marx, Hegel, Giordano Bruno, Gramsci… à la lumière de ses travaux.
Berti-Wang Séverine
Bel hommage Séverine, je retiens la citation liant "éthique de la joie" et lutte de classe.
Jean Pellegrino
Ou, bien sûr. Arrivé à Nice depuis peu je me réjouissais de pouvoir entendre "en direct" André Tosel que je connaissais à distance depuis une dizaine d'années. J'aurai eu la chance de le voir une fois, lors d'une de vos conférences il y a quelque semaines. Une fois seulement. Je suis également affecté par cette disparition. J'essaierai de venir jeudi. Mes condoléances à ses proches et à votre dynamique et utile association.
Salut et fraternité.
Jean-Michel Dejenne
elle en a été la secrétaire du centre et c'est dans ce cadre qu'elle a passé sa thèse d'Etat de Philosophie.
ANDRE TOSEL, ANTIRACISME ET EMANCIPATION
Avec la disparition d'André Tosel, le MRAP perd un ami, à travers ses engagements et plusieurs des thèmes abordés ces dernières années par ce philosophe curieux et soucieux d'intégrer, dans ce monde changeant et inquiétant, les éléments de nouveauté à une solide grille d'analyse basée sur les travaux de Marx, de Lénine et de Gramsci
Il avait entamé une réflexion très pertinente sur la laïcité, qu'il défendait inlassablement devant des publics très divers dont il se faisait facilement comprendre par ses grandes qualités pédagogiques.
Cette réflexion lui a permis de proposer une vision de la laïcité fidèle à la loi de 1905, ni laïcité intransigeante et laïciste ni laïcité accomodante.
André Tosel avait très bien vu que la laïcité laïciste, brusquement et opportunément découverte par la droite et l'extrême-droite historiquement hostiles à la laïcité et rejointes hélas par une partie de la gauche, est un détournement de la laïcité : elle ne sert qu'à stigmatiser et justifier les discriminations des populations issues de l'immigation post-coloniale et des populations musulmanes. Hostile à toutes les instrumentalisations politiques, à toutes les simplifications faciles, il a développé une approche exigeante et respectueuse des religions.
André Tosel, dans le prolongement de cette réflexion sur la laïcité, avait repris à son compte l'apport de plusieurs penseurs d'Amérique latine sur la notion de colonialité.
Il faisait le lien entre cet état d'esprit très présent aujourd'hui dans les sociétés du Nord enrichies par la colonisation, qui consiste à voir l'autre avec un regard et des préjugés construits durant la période coloniale, avec ses conséquences en terme de racisme et de discriminations.
André Tosel était un adversaire de la mondialisation ultra-libérale mais pas de la mondialisation en elle-même.
Il était hostile au nationalisme et au repli mortifère sur une logique partageant la société entre "eux" et "nous".
Dans nos sociétés de fait multiculturelles, il regrettait que le multiculturalisme, juxtaposition des cultures, prenne le pas sur l'interculturalisme, c'est-à-dire la rencontre, l'échange et la fécondation réciproque.
A l'issue de la catastrophe du 14 juillet à Nice, il avait écrit une remarquable contribution, pleine de lucidité et d'inquiétude sur les conséquences de cet attentat horrible.
Partisan du vivre ensemble et de l'émancipation humaine et sociale, c'était aussi un homme aux grandes qualités humaines, d'une extrême modestie d'autant plus frappante en regard de ses qualités intellectuelles, et d'une qualité d'écoute rare.
Romain Testoris et Bruno Della Sudda
ANDRE TOSEL, PENSEUR DE L'EMANCIPATION HUMAINE ET SOCIALE
Une voix s’est éteinte, fraternelle et rigoureuse, que nous nous n’oublierons pas : André Tosel, philosophe marxiste, sous réserve d’une mise en discussion de ces deux termes, comme il l’a fait lui-même, nous a quittés.
Ces lignes n’ont pas pour objet de retracer sa carrière universitaire ni son parcours militant, mais simplement de dire combien nous a marqués l’activité de pensée d’un philosophe militant, d’un militant philosophe, pour qui l’œuvre de Marx et d’Engels a été un point d’appui pour la réflexion personnelle, une ouverture vers d’autres univers de pensée, un ancrage dans la fidélité à la révolution émancipatrice.
Outré par le sectarisme et l’opportunisme mêlés de la direction du PCF en ce temps-là, André Tosel quitta le PCF et participa à la campagne Juquin à l'élection présidentielle de 1988. Sombres furent les années 80 et la première moitié des années 90, années de défaites sociales et de débâcle théorique. Mais André Tosel, résistant à l’air du temps et retourné au PCF en 2012 au moment de l'émergence du Front de Gauche, approfondit sa réflexion sur deux points : la crise du marxisme, et les ravages de la mondialisation ultralibérale.
S’appuyant notamment sur Gramsci, dont il était un des meilleurs connaisseurs, mais aussi -mais oui- sur Lénine, auquel il accordait une importance « épocale », André tira un bilan sans complaisance du « marxisme » traditionnel, qu’il interrogea à la triple lumière des échecs des pays qui s’en réclamaient, des questions nouvelles telles que l’écologie, et des exigences de la démocratie en acte, qu’il nommait « démocratie-processus » par opposition à la « démocratie-régime ». Tout en considérant que la pensée de Marx était un trésor à faire fructifier, il n’hésita pas à en enrichir ou préciser certains concepts : les ravages du productivisme capitaliste le conduisirent à ne plus parler simplement de forces productives mais de « forces productives-destructrices » ; le communisme, terme et concept auxquels il ne renonça jamais, il le qualifia de « communisme de la finitude », c’est-à-dire débarrassé de tout fantasme de maîtrise, de toute-puissance, de transparence ; d’où l’importance cruciale accordée à la démocratie-processus et le lien établi avec l'émancipation. Qui devait être repensée et « délivrée elle-aussi de tout fantasme de maîtrise inconditionnelle ».
Pour lui, cette « démocatie-processus » est à la fois objectif et moyen de l’émancipation sociale, et la démocratie qu’il qualifiait de « difficile » , est donc historiquement possible, par opposition aux ultra- libéraux pour qui la démocratie est « impossible » et de fait remplacée par le marché.
C'est ce qui le conduisait à s'intéresser à l'autogestion, à la fois comme pratique et comme perspective.
Deux autres questions seront aussi l'objet de sa réflexion et de son travail : la laïcité et l'émancipation.
La fidélité d'André Tosel à Marx lui permit d’étudier la mondialisation ultra-libérale sans perdre le fil de la lutte de classes, portée à l’échelle d’un capitalisme devenu monde et subvertissant les subjectivités et leur imaginaire. Mais il n'avait pas d'hostilité au processus de mondialisation en lui-même et ne prônait nullement un quelconque retour à la nation. Il avait bien mesuré et analysé le danger d’une situation où les conflits sociaux sont absorbés et dénaturés par les conflits identitaires ; d’où l’importance grandissante accordée à la laïcité, qui loin de sa caricature laïciste , n’est et ne doit pas devenir une machine de guerre contre les croyant-e-s, ce qui diviserait les dominé-e-s, mais au contraire la condition pour que soit respectée la liberté individuelle de croire ou de ne pas croire, et que soit possible leur action commune contre les structures d’oppression, purement terrestres et historiques, et pour la transformation de la société. En 2016, en plusieurs occasions, devant des publics aussi divers que celui de la journée de la laïcité au Lycée Calmette ou d'un débat sur les enjeux de la laïcité organisé par le Collectif contre l'imposture politique et les idées d'extrême-droite, André Tosel avait exprimé cette exigence d'une laïcité citoyenne et fraternelle, avec les remarquables qualités pédagogiques qui étaient les siennes et qui le rendaient compréhensible par toutes et tous.
Dans la continuité de cette réflexion sur la laïcité, André Tosel avait intégré récemment l'apport de travaux issus des sciences sociales en provenance de l'Amérique indo-afro-latine, portant sur la notion pour lui très féconde de colonialité. Colonialité signifie ici, pour reprendre ses propres termes à l'occasion d'un dialogue passionnant avec Jean Baubérot à Nice en 2016, «rémanence, sous forme complexe d'une structure psycho-imaginaire et de logique propre, qui informe les rapports sociaux et la manière dont sont ces populations (issues de l'immigration post-coloniale) sont traitées et qu'elles ne supportent plus » . Parfaitement lucide sur le détournement, depuis plusieurs années en France, de la laïcité à des fins islamophobes, André Tosel considérait impossible la prise en compte des problèmes de société à l'échelle mondiale et de la situation des « populations immigrées » sans prendre en compte le fait que la colonialité existe toujours, à la fois distincte et héritière du colonialisme.
Les catégories d’hégémonie et de subordination, reprises de Gramsci, courent comme un fil rouge dans la réflexion d'André Tosel, notamment à propos du « tiers symbolique » qui fait Loi et donne Loi dans chaque société, telle que la Nature, Dieu, le Prolétariat, la crise du sens qui secoue notre modernité prenant sa source dans un capitalisme qui ne peut fonder aucun sens autre qu’une consommation sans frein, aucun sens permettant de vivre humainement un monde où se multiplient les exclu-e-s; l’enjeu est aujourd’hui de définir démocratiquement et collectivement un Tiers symbolique ouvert à tous et toutes.
Cet aperçu schématique d’un œuvre complexe et féconde ne peut faire oublier qu’André Tosel a aussi répondu à de multiples sollicitations, articles de journaux, exposés dans des journées d’études, interventions conjoncturelles. Nous n’oublierons pas les lignes lucides et angoissées qu’il a consacrées au monstrueux attentat de la Promenade des Anglais du 14 juillet 2016, à Nice, où il nous invite à ne pas nous laisser submerger par l'horreur et à réfléchir à la nécessité -à ses yeux impérieuse -de débattre et de mobiliser bien au-delà des cercles militants contre les effets très négatifs et très dangereux de cet attentat.
Alors que certains théorisent hâtivement sur la disparition des intellectuels critiques, André Tosel nous laisse l’exemple d’une fidélité sans faille et d’une ouverture d’esprit à la hauteur de celle des philosophes, marxistes ou non, dont il se revendiquait. Aujourd’hui, où l’anticapitalisme reprend des couleurs dans l’opposition à la politique du patronat mise en œuvre par un gouvernement qui se prétend de gauche , il redevient possible d’employer des termes comme révolution, communisme, lutte de classes. L’émancipation est à nouveau un mot d’ordre et une perspective ; entre le mouvement ouvrier d’hier et le renouveau de l’activité critique d’aujourd’hui, André Tosel, dont nous n'oublierons pas les remarquables qualités humaines, a été, magistralement, un passeur.
Bruno Della Sudda et Romain Testoris
La disparition d’André Tosel est une très grande perte pour la philosophie et pour tous ceux qui veulent comprendre le monde, qui n’ont pas renoncé à interroger et critiquer, qui n’ont pas baissé les bras devant un monde plus divisé et plus chaotique que jamais.
Quand j’ai appris sa mort, je ne pouvais pas y croire. Je ne l’ai vraiment réalisée que lorsque, avec Martine, nous sommes allés le voir au reposoir. Notre détresse était immense. Il va nous manquer. Il va me manquer.
Depuis notre première rencontre, il y a presque 40 ans, J’étais alors étudiant, sa vivacité d’esprit et ses analyses m’ont toujours émerveillé. Cela n’avait pas changé : dans son dernier ouvrage sur Gramsci ou dans ses dernières conférences sur Marx, il y a quelques semaines.
André était aussi profondément humain, toujours disponible, toujours prêt à intervenir ou à donner une conférence ; jamais enfermé dans la tour d’ivoire de ceux qui se considèrent comme importants et qui réservent leur parole pour leur monde. Il pouvait être disponible pour les plus humbles, pour les sans voix.
Tout en étant grand, il avait gardé la modestie des vrais maîtres. Toujours près à dialoguer avec tous, avec simplicité.
Ce qui était le plus marquant chez lui, en dehors de sa pensée et de la puissance de son travail, c’était sa gentillesse, son attention aux autres. Bien sûr, il pouvait défendre ses idées ou ses positions avec la fougue des méditerranéens, mais jamais avec animosité.
Il était aussi passionné de musique, et en particulier d’opéra. Il faut lire son livre sur Otello de Verdi pour voir que même ce qui parait être loin de la philosophie ne l’est jamais si l’on sait analyser finement et comprendre ce qui s’y joue. « Il nous dit (le chant verdien) en son langage propre que le présent nous dépossède de la parole, que celle-ci ne vient pas de nous, que dans nos bouches parle un petit autre obscène et féroce, l’argent, le pouvoir, la jouissance exclusive. Le chant verdien entend rendre sensible que nous pouvons reprendre notre voix, et avec elle la parole. »
Par sa parole André a su nous faire entendre nos propres voix.
Pierre Saccoccio
Admiration et affection.
J'ai eu la chance de connaitre le lycéen dès 1951.
Sa grande intelligence, son immense capacité de travail et sa modestie étaient évidentes dès le premier cycle du lycée.
Exemple lumineux de l'ascenseur social et culturel qui fonctionnait pour notre génération, il n'a jamais coupé le lien avec son milieu d'origine.
André merci de m'avoir permis de te connaitre.
JP PELLEGRIN
Le texte qui suit m'a été demandé par le SNESUP dont André était un militant fidéle :
Hommage à André Tosel
Ma main tremble ; rendre hommage à celui qui fut un philosophe totalement engagé, au long de sa vie, sans discontinuer, au service de l’émancipation humaine est pour moi une sorte d’honneur impossible.
Son œuvre est immense ; d’autres le diront et la décriront infiniment mieux ; je connus André tardivement malheureusement ; son nom m’était connu comme ses écrits bien avant.
C’était tout sauf un « philosophe de bureau » ; engagé, il l’était de mille façons ; militant constant au SNESUP dans une Section offerte à tous les vents des turpitudes de faussaires, il resta un vigilant observateur, un observateur incisif des transformations imposées par la contre-révolution libérale.
Il se préoccupa constamment de l’unique possible riposte : pour lui, elle devait être populaire ; elle passait par des chemins totalement nouveaux ; il en explora de nombreux ; parmi eux, était centrale, dans sa conception, la question de l’hégémonie gramscienne ; son œuvre toute entière en impose une relecture exigeante à l’opposé des attitudes qui brandissent ce concept sans l’avoir pénétré. Les conférences qu’il donna fréquemment constituaient en elles -mêmes une exhortation vivante à « se mêler » sans attendre des lendemains hypothétiques ; la nécessité absolue de changer le cours des choses ici et maintenant en faisaient évidemment un marxiste au plein sens du terme.
Les effondrements du siècle précédent, non seulement ne l’avaient pas conduit à se réfugier sur l’Aventin comme tant d’autres, à renier ses engagements mais tout au contraire à y puiser la force de la contribution à l’élaboration de ce qui pouvait y avoir de plus neuf ; comme rarement, il fut de ceux qui explora ce qui dans un monde en proie à la menace d’un cataclysme civilisationnel, climatique et écologique poussait vers des remises en cause déterminantes en dépit de vents contraires d’une force sans équivalent depuis la dernière Guerre .
Nous eûmes un débat sur la « question de la gauche » ; c’était une affaire française mais pas seulement ; André considérait que ce concept qui avait jalonné une longue histoire de luttes démocratiques avait épuisé sa force propulsive ; il considérait que dorénavant ce champ-là était en quelque sorte mort ; et pire encore, trompeur. Rien qu’en rappelant ce fait, on voit à quel degré André était un précurseur. Ce que je pus lui opposer , propos de nain , n’a pas sa place ici.
Croire cependant que pour lui, il suffisait de démolir un concept pour que tout s’éclaire est trahir sa pensée ; il chercha des substituts et ne les chercha pas dans un vain ripolinage. Le mouvement « Occupy Wall Street » fut pour lui comme un signal ; derrière les défaites impressionnantes de la pensée progressiste se profilaient des alternatives encore en fusion, mais au travail.
André pressentait que dans ce mouvement de reconstruction hésitant se cachaient des concepts complétement nouveaux issus des questions scientifiques les plus récentes ; il fut le premier et le seul à tenter de penser les « multivers » empruntant ainsi à la Physique contemporaine un débat qui fait rage aujourd’hui.
Aussi importantes que soient ces balises, elles ne donnent qu’une faible idée du dynamisme d’André Tosel.
Ouvert à la critique, opposé totalement à toute idée de dogme, promoteur d’un débat idéologique exigeant, André vivait mal les péripéties du mouvement progressiste et disons-le de la pensée révolutionnaire, celle qui fait du dépassement du capitalisme une tâche immédiate et fondamentale.
Avec cette œuvre en construction constante, André était d’une immense modestie et d’une gentillesse rare.
Avec sa disparition d’une rare brutalité le SNESUP perd un penseur considérable, un homme d’exception ; on peut être assuré que son legs intellectuel vivra pour les décennies à venir.
Refaire du SNESUP la force syndicale de référence dans l’Enseignement supérieur est l’une des façons de lui rendre un hommage qui aille au-delà des mots.
OLIVIER GEBUHRER
André Tosel, philosophe niçois de renom, nous a quittés
Son nom est associé aux écrits de Marx, dont il fut l'un des plus grands spécialistes. Le philosophe niçois André Tosel s'est éteint dans sa ville natale. Il avait 75 ans.
Agrégé de philosophie, professeur émérite à l'université de Nice-Sophia Antipolis, André Tosel avait enseigné entre 1967 et 1988 puis entre 1998 et 2003 à Nice, où il avait également dirigé le Centre de recherches d'histoire des idées.
A la tête de ce dernier, il avait succédé au regretté Dominique Janicaud, accidentellement décédé à Eze en 2002.
Proche du parti communiste, il avait notamment participé à la direction fédérale du PCF06 de 1977 à 1981. Il était également le président de l'association niçoise "Les Amis de la Liberté".
Auteur de nombreux ouvrages sur la pensée de Baruch Spinoza, Karl Marx ou encore Antonio Gramsci, il était l'une des figures de la "section philo" niçoise, qui compte parmi les plus renommées de France.
Cher Louis, chers Amis Niçois de la Liberté,
Je vous présente mes très sincères condoléances ainsi qu’à la famille d’André que j’aimais comme un père d’idée, un ami de confiance et un frère de combat.
Je ne pourrai être à vos côtés demain et je le regrette infiniment. Je vous embrasse fort.
André manquera, il me manque déjà.
Amitiés fraternelles, à bientôt,
Pierre Chaillan
l'Humanité
Chef Rubrique « Débats & Idées »
J’ai fait la connaissance d’André Tosel assez tardivement pour un Niçois, en 1987, au sein du cercle Contradictions, qui réunissait des communistes critiques, que ceux-ci appartiennent au Parti, y aient appartenu ou s’en soient toujours méfié. Il en était je crois l’animateur, et, j’en suis sûr, l’esprit le plus brillant. Il faisait preuve d’une ouverture d’esprit remarquable. L’échec de la campagne Juquin et sa nomination en tant que professeur hors de Nice ont interrompu nos relations pendant une dizaine d’années. Quand il est revenu, j’ai pu constater que le temps n’avaient rien changé à son ouverture d’esprit, bien au contraire. Mais chez certains anciens communistes, l’ouverture d’esprit a pu conduire à une pensée qui se réduise à une bouillie fadasse, avant une nouvelle fermeture vers des positions réactionnaires. Il a su éviter ce piège, et grâce à une rigueur constante, il est resté attaché jusqu’au bout à la perspective de l’émancipation humaine. Sa présence manquera à tous ceux qui, tout en reconnaissant que l’arme de la critique doit céder devant la critique des armes, considèrent aussi que si elle ne peut s’appuyer sur l’arme de la critique, la critique des armes ne peut conduire à une société véritablement humaine.
Université de Nice-Sophia Antipolis
Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
André Tosel: disparition d’un marxiste éclairé
Le spécialiste reconnu des grandes figures du marxisme, et notamment d’Antonio Gramsci, laisse derrière lui une œuvre stimulante.
a disparition le 14 mars dernier est largement passée inaperçue, hormis un article paru le lendemain dans L’Humanité, rendant hommage à ce compagnon de route du communisme et de la gauche radicale française. Pourtant, le philosophe André Tosel laisse derrière lui une œuvre substantielle, portant la marque de ses engagements et d’une érudition impressionnante.
Son dernier livre, paru en 2016, Étudier Gramsci, restera sans doute longtemps comme la somme de référence sur le penseur sarde de l’hégémonie. Difficile d’accès mais stimulant et nourri aux meilleures sources, l’ouvrage offre une mise en perspective biographique, contextuelle et théorique de l’œuvre gramscienne, laquelle apparaissait à Tosel comme « le plus haut exemple de communisme critique créateur du siècle passé ». Le philosophe originaire de Nice, où il naquit en 1941, était un des meilleurs connaisseurs de la pensée marxiste et de ses ramifications contemporaines. Il avait cependant su rester curieux d’autres courants théoriques (libéraux, républicains), ainsi que des apports empiriques fournis par les sciences sociales.
André Tosel tenait probablement cette ouverture d’esprit d’un parcours intellectuel et militant qui ne s’était pas amorcé au sein du mouvement communiste, mais du catholicisme de gauche. Membre de la Jeunesse étudiante chrétienne, alors engagée contre la guerre d’Algérie, Tosel s’en était éloigné à cause de l’attitude ultraconservatrice de l’Église catholique. Comme lui-même l’a raconté dans un entretien à la revue Période, ce rejet fut d’autant plus résolu qu’il découvrait alors l’œuvre de Spinoza. Celle-ci l’a aidé à comprendre le potentiel liberticide des religions lorsqu’elles succombent au « théologico-politique », c’est-à-dire la réduction de la sphère délibérative dans les confins étriqués d’une Vérité posée comme indiscutable.
En même temps, Spinoza avait repéré le même potentiel liberticide dans tout État qui sacraliserait sa souveraineté et écraserait tout espace de remise en cause de sa propre légitimité. De « la politique de la religion », on risquait de passer à « la religion de la politique », autrement dit une substitution du « politico-théologique » au « théologico-politique », ce qui s’est par exemple produit durant la fossilisation du régime soviétique. Cette approche équilibrée a contribué à immuniser Tosel contre le dogmatisme et l’intolérance du marxisme-léninisme. C’est cette même approche qui a par ailleurs nourri chez lui une vision de la laïcité bienvenue, tant le débat public apparaît saturé de polémistes persuadés d’être les Voltaire du XXIe siècle.
Toujours à Période, Tosel confiait n’avoir jamais fait preuve « d’athéisme militant, car c’est une position privative et souvent susceptible [...] de sombrer dans la vulgarité d’une pause esthétique et dans l’absence arrogante de pensée ». Il reconnaissait le caractère contradictoire des religions, lesquelles ne peuvent se réduire à des entreprises de superstition de masse, dans la mesure où elles recèlent aussi des réserves d’éthique et d’utopie mobilisables contre les inégalités et dominations de l’ordre social. De plus, il craignait que la laïcité ne soit dévoyée à des fins identitaires, au risque de devenir le faux-nez universaliste d’un particularisme occidental hostile à ses minorités. Tosel appelait plutôt à prendre acte, sans naïveté mais sans crispation, de la « dé-privatisation » des convictions religieuses dans les terres sécularisées de la chrétienté.
Il jugeait en effet impraticable le modèle d’une laïcité séparatiste, consistant à tracer une ligne infranchissable entre l’expression de ces convictions dans la sphère privée et leur invisibilité dans la sphère publique. Entre l’espace domestique et l’espace du législateur, il existe un espace civil et politique d’où les religions ne pourraient être écartées autoritairement. Pour Tosel, la laïcité reste bien sûr indispensable pour interdire aux religions de menacer la conflictualité démocratique entre citoyens égaux, lorsque ceux-ci confrontent leurs conceptions du bien concernant le monde terrestre. Dans ce cadre, cependant, les « laïques radicaux » devraient éviter de « s’ériger en instance de surplomb » et d’entretenir de la « nostalgie pour l’heureuse période où les religions semblaient à l’agonie ».
L’originalité de Tosel réside surtout dans son refus de déconnecter la défense de la laïcité d’une critique charpentée du capitalisme. « L’œuvre exemplaire de Marx », selon lui, « ouvre sur la découverte d’un nouvel ennemi, un nouveau fanatisme, celui de l’accumulation du capital pour elle-même. C’est là une nouvelle abstraction, surpuissante, qui capture les forces de travail vivantes et les sépare de l’appropriation du monde qu’elles ont produit ». L’auteur du Manifeste du Parti communiste a en effet montré comment les sociétés humaines ont fabriqué un système de domination impersonnel, dont les impératifs semblent s’imposer aux individus et aux peuples comme des faits de nature, alors qu’ils découlent d’une myriade de processus sociaux.
À dessein, Marx a repris le terme de « fétichisme » à la critique de la religion, pour l’appliquer à la marchandise. L’objectif était d’illustrer le caractère aberrant d’un système sous lequel la valeur d’usage (l’utilité sociale d’un bien ou d’un service) n’est plus poursuivie pour elle-même mais dans la seule mesure où elle permet de maximiser la valeur d’échange (l’argent qui sert de contrepartie). Pour Tosel, cette fausse rationalité est tout autant source d’aliénation et de limitation de la capacité d’agir des citoyens, au risque de favoriser des compensations identitaro-religieuses au sentiment de dépossession et de vide existentiel généré par un tel système.
Tosel, en lutte contre « le double fanatisme contemporain »
À côté du « fanatisme civilisationnel racisant qui concerne en son principe aussi bien l’intégrisme chrétien ethno-libéral que la violence islamiste », il ne faudrait donc pas oublier « le fanatisme du capital ». Autrement dit, un terme s’est ajouté au complexe théologico-politique, devenu théologico-économico-politique. Il faut lire dans cette volonté de tenir les deux bouts une façon de dépasser l’opposition artificielle entre les questions sociales et les questions dites sociétales (ou comment chasser une mauvaise sociologie politique grâce à une bonne philosophie politique).
Tosel ne nie certes pas que le conflit social et le conflit identitaire procèdent chacun de logiques différentes. Le premier véhicule des demandes de type égalitaire, concernant les conditions matérielles d’existence et la capacité à peser dans les processus de décision collective. Le second véhicule des demandes de reconnaissance d’identités et de singularités. Le conflit social est ainsi régi par un principe d’équivalence entre humains qui se reconnaissent des droits identiques, quand le conflit identitaire est fondé sur un principe de différence entre groupes porteurs d’expériences spécifiques du monde.
La tâche des tenants d’une démocratie radicale, selon Tosel, consiste à traduire le plus possible de revendications en termes de conflit social, et à éviter que les conflits identitaires ne débouchent sur des pulsions hiérarchiques et exclusives. La laïcité doit justement préserver un espace de reconnaissance mutuelle entre singularités qui ne se renient pas mais s’accordent le droit d’exister. Cependant, cette double tâche s’impose d’autant plus que « dans la réalité historique, ces deux conflits s’interpénètrent et n’existent pas à l’état pur ». Le mouvement ouvrier, pas plus que celui des colonisés ou des femmes, n’a échappé à cette tension inhérente à la condition humaine, toujours faite à la fois d’appartenances identitaires et d’aspirations communes à la subsistance et à la parole.
Sous la plume de Tosel, les deux conflits sont en tout cas susceptibles d’atteindre aujourd’hui des niveaux paroxystiques, tant la légitimité des systèmes économique et politique s’est amenuisée. Il faut se plonger dans sa relecture de l’œuvre de Gramsci pour comprendre à la fois la noirceur de son diagnostic, et son espérance maintenue en une alternative.
En expliquant comment Gramsci échappe au fatalisme économique de la vulgate marxiste, Tosel dégage en effet le cœur de son interprétation de l’histoire moderne. Celle-ci a pour objet principal le jeu indéterminé entre « assimilation » ou « désassimilation » des individus pris dans les rapports sociaux capitalistes. Quelques dates symboliques jalonnent cette reconstruction du passé. 1789, avec la Révolution française, signale pour Gramsci l’ascension de la classe et de la civilisation bourgeoises, au détriment des anciennes élites issues de la société féodale et des temps absolutistes. 1848, avec le Printemps des peuples, témoigne de l’irruption des revendications plébéiennes dans leur sillage. Mais c’est 1871 et l’écrasement de la Commune qui symbolisent la césure la plus importante.
D’après Tosel, le « réalisme terrible » de l’analyse gramscienne dépasse les interprétations qu’ont pu en délivrer Marx ou Lénine. Pour le philosophe sarde, l’épisode illustre l’échec du mouvement ouvrier à triompher sur le modèle des précédentes révolutions politiques de la modernité. Il était désormais clair que « l’hégémonie bourgeoise ne [pouvait] plus tolérer que les masses subalternes se haussent à une activité de protagonistes ». À partir de ce moment fondateur, qui va effectivement être suivi par la normalisation du mouvement ouvrier dans les rouages institutionnels de l’État-nation, se reproduit la « corrélation » que Tosel juge fondatrice de notre ordre social, entre « la désappropriation politique [des citoyens représentés et] la désappropriation économique par laquelle les producteurs directs abandonnent toute revendication de contrôle des moyens de production économique [...]. La compétence politique et la compétence économique sont le fait d’élites, électives d’un côté, propriétaires de l’autre ».
Dès lors, la « révolution passive » est devenue le mode de gouvernement privilégié pour que soient protégés ces privilèges et le mode de production capitaliste, sans que se forme une volonté contre-hégémonique dans les masses subalternes, grosse d’un autre type de société. La fabrique du consensus constitue le moyen le moins coûteux d’insuffler de la passivité, d’où l’intérêt de Gramsci pour le combat culturel, celui qui forge le « sens commun » d'une société. La coercition constitue une autre voie si jamais cette fabrique échoue, comme c’était le cas lorsque Gramsci écrivait ses Cahiers de prison, dans les geôles du régime fasciste de Mussolini.
Pressentant le rôle du fordisme américain pour assurer cette révolution passive, Gramsci ne pouvait pas anticiper les Trente Glorieuses du second après-guerre et le compromis social-démocrate/keynésien, qui aura joué comme une puissance d’assimilation des travailleurs subordonnés, du moins dans les pays du cœur de l’économie-monde capitaliste. Mais à l’heure où la redistribution du surplus social est limitée par la faible dynamique d’un système sous perfusion des banques centrales, l’illimitation du capital est redevenue désassimilatrice et destructrice, estime Tosel.
La prétention à faire vivre des régimes représentatifs de façon séparée de la sphère économique échoue à nouveau sur la réduction de facto du pluralisme politique et sur l’ethnicisation des conflits sociaux. À l’aube de la crise de 2008, il concluait déjà de façon alarmiste un ouvrage consacré à la mondialisation. Selon lui, ou bien « la dégénérescence de la démocratie réaliste en télé bonapartisme soft aboutit à une anti-polis qui finira par porter atteinte aux droits politique de base [...], ou bien s’inaugure une dialectique de l’égalité réelle ancrée dans la résistance polymorphe contre la soumission dans le travail qui fédère en puissance d’une nouvelle multitude toutes les forces comprimées par cette soumission ».
L’an dernier, Tosel dédiait son inégalé Étudier Gramsci à Élisabeth Gautier, directrice d’Espaces Marx et infatigable militante internationaliste de la gauche alternative, que l’auteur de ces lignes a eu la chance de connaître avant sa disparition brutale l’an dernier. La fréquentation de l’œuvre de Tosel laisse espérer qu’hommage sera également rendu à ce philosophe, dans les futures publications et manifestations se situant dans l’esprit d’un marxisme ouvert et éclairé.
https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/210317/andre-tosel-disparition-d-un-marxiste-eclaire?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=TRANSAC
POUR ANDRÉ TOSEL
18 mars 2017
Il est des rencontres qui éclairent la vie, et la rendent plus chaleureuse. La rencontre d’André Tosel est de celles-là et l’on se sent aujourd’hui bouleversé par la tristesse de se retrouver soudain dans un monde où on ne pourra plus se tourner vers lui. Comment ne plus entendre sa parole émancipatrice, comment vivre au quotidien sans sa fraternité, comment être privé de son amitié attentive ?
André savait user de son immense culture pour élucider les injustices de ce monde et montrer la voie de la résistance qu’elles appellent. Homme de cœur et de rigueur, il ne transigeait ni avec les exigences de la connaissance objective ni avec celles de la lutte idéologique contre les puissances dominantes. De Spinoza et de Marx, mais aussi de sa réflexion inventive nourrie par toute la philosophie, il tirait le meilleur, osant des pensées nouvelles à la mesure des bouleversements actuels. De chaque entretien avec lui comme de la lecture de chacun de ses livres on ressortait enrichi, conscient de mieux comprendre le monde, et de pouvoir y agir plus lucidement.
Philosophe et militant de la pensée, André avait fait sienne la résolution de Gramsci : livrer la bataille des idées pour faire advenir la conscience exigeante que requiert une monde de justice et de fraternité. De Spinoza il avait retenu qu’en développant sa puissance de comprendre l’homme accroit sa puissance d’agir, et par là même la réalisation de son être. D’où la joie proprement humaine qui vient du sentiment de s’accomplir, et fonde la générosité. Une joie communicative dès lors qu’André partageait avec les autres le savoir et la réflexion qu’il cultivait avec passion. De Marx, il avait repris toute une philosophie de l’émancipation humaine, source de luttes pour nourrir la tradition des opprimés. Il en avait également gardé le souci de ne pas se payer de mots ni de grandes incantations qui sonnent faux quand les ressorts réels de l’exploitation restent en l’état. D’où sa critique de la démocratie formelle voire de l’invocation répétée des droits de l’homme alors même que pour trop d’êtres humains font défaut les conditions minimales qui leur donnent chair et vie. Dans cet esprit André ne cessait de mettre ses idéaux à l’épreuve par des analyses fines des situations concrètes comme dans l’admirable livre qu’il a consacré à la mondialisation capitaliste.
André Tosel a produit une œuvre philosophique et politique majeure, qui fixe bien des repères. Il a aussi témoigné par sa façon d’être généreuse et simple, humble et directe, de son sens de la fraternité. Il prodiguait l’affection et l’amitié sans grandes phrases, avec une sorte de pudeur furtive. Il esquissait ainsi, avec sa modestie habituelle, l’humanité fraternelle et le sens du commun qui lui tenait tant à cœur. Sa disparition est une perte immense.
Henri Pena-Ruiz
Condoléances et hommages a André Tosel
A. Tosel était un dialecticien au sens socratique et aussi hégélien mais surtout marxiste du mot. Si la dialectique est abstraite et langagière chez F. Hegel, le conflit entre l'être et le néant dépasser par le devenir de quoi,on ne le sait pas, devient concrète avec K. Marx qui dit que c'est la nature dans ces aspects physique, chimique, biologique, psychologique et sociologique, qu'il a toujours essayée de penser selon sa rationalité et religisioté.
Il était cartésien, marxiste et freudien, penseurs de la conclusion. Avant eux la pensée se cherchait, alors que maintenant elle n'est que commentaire et en crise une idéologie sans idéologie.
Patrick Arciero