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Henry Augier

 

Environnement et développement durable

 

 

 

 

 

 

 

Rencontre de la Pensée Critique du 20 novembre 2014 :

 

Environnement et développement durable : voilà des mots que l'on trouve partout, désormais. Méfions-nous, toutefois, dit Henry Augier, que cette grande question ne devienne pas une tarte à la crème. Les prémices du développement durable datent d'après la 2è Guerre mondiale. En 1968, le Club de Rome est créé à l'initiative de personnalités des domaines scientifiques, politiques et des affaires1, et il publie en 1972 son premier rapport, The limits to growth (littéralement : Les limites à la croissance), qui sera traduit en français sous le titre Halte à la croissance ? En pleines "Trente Glorieuses", et alors que la croissance paraissait sans limites2, les thèses du rapport sont révolutionnaires. Les initiatives vont s'enchaîner, notamment à l'occasion des conférences mondiales sur le climat et aux sommets de la Terre. En 1987, le rapport Brundtland propose une définition du développement durable : il ne sera possible que s'il est économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement tolérable. En 1992, se tient à Rio le 3è sommet de la Terre, qui revient sur la notion de développement durable, -le définissant comme un cercle vertueux entre les développements économique, social et environnemental (cf. schéma ci-contre), -et adopte un programme d'action pour le XXIè siècle : Action 21 (Agenda 21 en anglais).

 

 

 augier1

  

Henry Augier met d'abord en exergue les aspects positifs de la notion de développement durable :

 

  • S'appliquant à tous les niveaux, depuis le local jusqu'au mondial, en passant par le communal, le régional et le national, elle est source de cohérence.

  • Source de cohérence aussi, la conciliation des trois aspects du développement : économique, social et écologique.

  • L'agenda 21, qui, dans ses 40 chapitres et ses 2500 recommandations d'action, représente pour la France quelque 400 milliards d'euros d'investissements dans tous les domaines (énergies du vent et du soleil, hydroliennes, géothermie, bâtiments de basse consommation (BBC), écoquartiers, écocités, et même - un jour peut-être - îles artificielles (lilypad), qui seront indifférentes à la montée du niveau de la mer.

 

(1) Le club de Rome est piloté à sa création par Aurelio Peccei, un italien membre du conseil d'administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l'OCDE.

 

 

(2) Le monde ne tardera pas à se rendre compte qu'elles étaient sur le point de prendre fin...

 

 

 

 

 

Mais il pointe aussi les aspects négatifs, les débordements ou les insuffisances :

 

  • Il n'est pas assez tenu compte de l'évolution exponentielle de la population du globe :

 

 

 

1800

1974

2012

2050

1 milliard

4 milliards

7 milliards

9 milliards

 

 

 

  • Le déréglement climatique, très bien documenté par le GIEC, n'est pas suffisamment pris au sérieux. Il n'est pas douteux que la terre se réchauffe ; il n'est que de comparer l'état des glaciers et de la banquise aujourd'hui et il y a 50 ou 100 ans. Le réchauffement entraîne une modification de la zonation climatique ainsi que la montée des eaux. Selon les scénarios, le niveau de celles-ci pourrait monter entre 1 et 6 mètres d'ici deux siècles. Des pays comme les Pays-Bas ou l'Egypte sont très directement concernés, et il en est de même de toutes les îles sans relief.

  • Insuffisance encore en ce qui concerne les pollutions : rejets industriels, rejets des transports, etc. Henry Augier pointe l'impact des marées noires sur l'environnement ; il stigmatise l'indice de qualité de l'air, qu'il juge trompeur ; il dénonce la pollution de l'eau et celle de la mer (notamment par la technique des émisssaires en mer) alors que les solutions existent pour une purification totale et complète3. En France, la ville de Cannes les met en oeuvre. A l'étranger, Berlin, Madrid et ...Windhoek, capitale de la Namibie.

 

Henry Augier indique que la solution du problème de l'eau, en réduisant les problèmes de santé publique, aiderait considérablement les africains ainsi que les populations de bien d'autres pays.

 

  • Scandale toujours, dans le pacifique nord, que le "6è continent", gigantesque amas de déchets plastiques de 3,5 millions de km2 ! L'équivalent de l'Europe !

  • Irresponsabilité, enfin, que l'épuisement en cours de nos ressources naturelles et de nos réserves :

    • Epuisement des terres fertiles ;

    • Surexploitation de la mer : les poissons péchés sont de plus en plus petits ; certaines espèces se raréfient de façon inquiétante ; en termes financiers on peut dire qu'on avait, jusqu'ici, utilisé les bénéfices des richesses maritimes biologiques et qu'on entame maintenant le capital ;

    • Epuisement des combustibes fossiles, dont le nombre d'années d'exploitation est évalué comme suit :

 

 

 

Pétrole

Gaz naturel

Charbon

Uranium

20-50

58-65

130-250

30-134

 

 

 

    • Epuisement des minerais :

 

 

 

Alu-

minium

Argent

Cuivre

Etain

Fer

Plomb

Zinc

Nickel

100-

270

13-20

20-60

18-40

77-

240

10-40

15-23

40-

150

 

 

 

 

 

Henry Augier pose donc la question : quel monde allons-nous laisser en héritage à nos enfants ? Le développement durable n'est, pour l'heure, qu'une utopie ; qu'une façon de continuer à exploiter la planète. Ce développement durable-là n'est pas soutenable.

 

 

 

Lors du débat, plusieurs intervenants mettront l'accent sur la responsabilité des rapports sociaux capitalistes, des multinationales et de la recherche effrénée du (développement durable du) profit dans la situation actuelle. D'autres s'inquiéteront des dérives supplémentaires dont ne manquera pas d'être porteur le traité sur le grand marché transatlantique (TAFTA).

 

 

 

Daniel Amédro

 

 

 

Henry Augier a publié plusieurs ouvrages :

 

  • Guide des fonds marins de méditerranée. Ecologie, flore, faune, plongée, Delachaux Niestlé / Les guides du naturaliste, 2007 (réédité en 2010)

  • Le livre noir de l'environnement, Etat des lieux planétaire sur les pollutions, Alphée, 2008

  • Manuel pratique pour sauver la terre, Enjeux, défis, espérances, éditions Sang de la Terre, 2011

  • Construire un monde équitable pour demain, Constats et solutions, éditions Sang de la Terre, 2012

  • Le développement peut-il être durable ? Pour le meilleur et pour le pire, éditions Sang de la Terre, 2012

  • Les calanques : Parc national, Un siècle de combats et d'espérances, éditions Sang de la Terre, 2013

  • Des égouts sous la mer, Pollution du littoral : le scandale des déjections urbaines, Libre & solidaire, 2014

  • Calanques, Scandale et laxisme d'un parc national, Libre & solidaire, 2014

 

 

 

 

 

 

 

1 Le club de Rome est piloté à sa création par Aurelio Peccei, un italien membre du conseil d'administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l'OCDE.

 

 

2 Le monde ne tardera pas à se rendre compte qu'elles étaient sur le point de prendre fin...

 

 

3 Le conférencier se réjouit à cet égard que Ségolène Royal, ministre de l'environnement, ait opposé son veto à la délibération du conseil d'administration du Parc national des Calanques autorisant le rejet en mer des boues rouges liquides de la société Altéo de Gardanne (http://www.20minutes.fr/marseille/1446919-20140921-segolene-royal-confirme-veto-rejets-liquides).